Les Géorgiens votent pour élire leur président, un test pour le parti au pouvoir

Les Géorgiens votaient mercredi pour désigner leur président, un test crucial pour le parti au pouvoir qui soutient la candidature d’une ex-ambassadrice française, Salomé Zourabichvili, arrivée au coude à coude au premier tour avec le candidat de l’opposition Grigol Vachadzé.

Il s’agit du dernier scrutin présidentiel direct dans cette ancienne république soviétique du Caucase, avant de passer à un régime parlementaire. Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 locales (04H00 GMT) et fermeront à 16H00 GMT, les premiers résultats étant attendus dans la nuit.

Si le poste de président est devenu essentiellement symbolique, l’élection préfigure la confrontation à venir entre le parti Rêve géorgien, au pouvoir mais de plus en plus impopulaire, et l’opposition lors des élections législatives de 2020.

Le 28 octobre, la Franco-géorgienne Salomé Zourabichvili, soutenue par le Rêve géorgien, avait échoué à remporter plus de 50 % des voix au premier tour, un score perçu comme un désaveu pour ce parti.

Ancienne diplomate française, Mme Zourabichvili, 66 ans, est arrivée au coude à coude (38,64 %) avec l’opposant Grigol Vachadzé (37,73 %) soutenu par le Mouvement national uni, fondé par l’ex-président Mikhaïl Saakachvili – aujourd’hui en exil -, et dix autres formations politiques.

M. Vachadzé, 60 ans, est légèrement en tête dans les sondages réalisés avant le second tour après avoir reçu le soutien du candidat arrivé troisième au premier tour.

Une victoire de Grigol Vachadzé marquerait un tournant dans le paysage politique géorgien, annonçant la fin de la domination du Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012.

"Le résultat du vote ne déterminera pas seulement le vainqueur de l’élection, mais marquera aussi le progrès ou le recul de la jeune démocratie géorgienne", a expliqué à l’AFP l’analyste Géla Vassadzé.

Accusations de fraudes

Signe des tensions autour du scrutin, l’opposition a accusé le gouvernement d’intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti de M. Vachadzé.

Trois ONG géorgiennes, dont la branche locale de Transparency International, ont affirmé la semaine dernière avoir la preuve que le gouvernement avait imprimé de fausses cartes d’identité pour truquer le second tour en faveur de Mme Zourabichvili.

Mme Zourabichvili a affirmé de son côté qu’elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort.

Sur le fond, les deux favoris de l’élection se rejoignent sur plusieurs points: tous deux militent pour un rapprochement avec l’Union européenne et l’Otan, que la Géorgie demande en vain à rejoindre depuis plus de dix ans.

"Mais leur passé comme ministres des Affaires étrangères montre que Vachadzé est plus associé à Washington, alors que l’ancienne ambassadrice française Zourabichvili est clairement orientée en faveur de l’UE", note M. Vassadzé.

La victoire de Grigol Vachadzé serait toutefois plus susceptible de déranger le Kremlin. "Le Rêve géorgien adopte un ton plus modéré dans ses relations avec Moscou, quand le MNU est traditionnellement un critique plus franc" de Vladimir Poutine, explique l’analyste Gia Nodia.

Diplomate de carrière et ministre des Affaires étrangères de Mikhaïl Saakachvili de 2008 à 2012, M. Vachadzé a critiqué "le régime oligarchique" mis en place par l’ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili, du Rêve géorgien, alors que le gouvernement échoue à réduire la pauvreté dans le pays.

Homme le plus riche du pays, Bidzina Ivanichvili, s’est officiellement retiré de la vie politique en 2013 après un an comme chef de gouvernement, mais il reste considéré comme le véritable dirigeant du pays.

"Le Rêve géorgien fait face au choix du mal et du pire: ce serait mal pour eux si l’opposition l’emporte, mais pire s’ils doivent faire face aux conséquences politiques de fraudes électorales", avait affirmé Grigol Vachadzé à la chaîne de télévision Rustavi-2 TV.

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