Le président algérien Tebboune s’offre une légitimité sur le dos de Paris

Le refroidissement des relations diplomatiques sur l’axe Alger-Paris s’accompagnera du départ cet été de l’ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt. Le nom de François Gouyette est cité comme probable successeur.

Actuellement ambassadeur de France en Arabie Saoudite depuis 2016, François Gouyette est passé par Tunis en 2012 et Tripoli de 2008 à 2011. « Une expérience qui pourrait être utile tandis qu’Alger veut revenir sur le dossier libyen. François Gouyette, dont l’épouse Halima Gouyette est originaire d’Algérie, présente l’avantage d’être arabisant »,  croit savoir vendredi Africa Intelligence.

Pour Africa Intelligence, le président algérien Tebboune s’offre une légitimité sur le dos de Paris, estimant qu’à A Alger, l’ambassade de France est dépassée par l’ampleur de la crise diplomatique provoquée par la diffusion, le 26 mai, de deux documentaires consacrés au Hirak : Algérie, mon amour, de Mustapha Kessous sur France 5, et Algérie, les promesses de l’aube, de Julie Peyrard et Sonia Amrane, rediffusé sur la chaîne parlementaire LCP.

Dénoncés comme « une attaque contre le peuple algérien » par le ministère des affaires étrangères algérien, ils ont provoqué le rappel de l’ambassadeur d’Alger à Paris Salah Lebdioui le lendemain. Xavier Driencourt a été convoqué pour la deuxième fois, après avoir été appelé en avril au ministère des affaires étrangères de Sabri Boukadoum à la suite des déclarations de Francis Ghilès sur la chaîne France 24, rappelle la publication.

Pour la publication, « Ce coup de sang d’Alger est avant tout le symptôme de la recherche de légitimité du président. En reprenant à son compte la vague d’indignation « populaire » qui s’est exprimée sur les réseaux sociaux, principalement contre le documentaire jugé caricatural de Mustapha Kessous, Abdelmadjid Tebboune tente de gagner la faveur de l’opinion publique, alors que le pays est passé sans transition des cortèges du Hirak au confinement de la population pour lutter contre la pandémie de Covid-19. »

« En détournant le regard vers l’ingérence de l’ancien pouvoir colonial, le président use d’une recette éprouvée afin d’éclipser la crise économique traversée par le pays, marqué par l’effondrement des prix du pétrole. Abdelmadjid Tebboune est aussi à la peine avec la gestion du confinement », souligne la publication.

Renault, objet de la vindicte

« Les dossiers brûlants entre Paris et Alger s’accumulent également », note Africa Intelligence, indiquant qu’Abdelmadjid Tebboune s’est déjà attaqué le 20 février à Renault, critiquant le manque d’intégration de son usine de montage oranaise comparé à son usine marocaine à Tanger.

Le projet de loi de finances complémentaire pour 2020, validé le 2 juin par le Conseil de la nation et qui entrera prochainement en vigueur, pourrait voir le constructeur automobile mis en difficulté, selon les craintes de Paris.

Selon la publication, cette loi permettra d’une part l’importation de véhicules neufs ou d’occasion, ce qui impactera les constructeurs locaux ; d’autre part, l’instauration d’un nouveau régime préférentiel d’exonérations fiscales et d’exemption des droits de douane ne concernerait pas les pièces destinées à l’industrie de l’assemblage et du montage automobile (CKD).

« Un coup dur pour Renault auquel s’ajoute le gel, depuis novembre, des avantages fiscaux qui lui avaient été octroyés en 2014 », précise Africa Intelligence.

Total est également dans la tourmente, après le refus par Alger du rachat des parts des actifs d’Anadarko sur les gisements HBNS, El Merk et Ourhoud auprès d’Occidental Petroleum (Oxy) par le groupe pétrolier français, alors qu’il avait racheté tous les actifs d’Anadarko en Afrique.

« A Paris, le patron de Total, Patrick Pouyanné, avait perçu cette manœuvre comme une décision politique liée à la nationalité de Total », rapporte Africa Intelligence.

 

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