Les islamistes marocains rattrapés par leurs contradictions   

La cérémonie de signature de l’accord tripartite entre le Maroc les États Unis et Israël en présence du Roi Mohammed VI a  donné lieu à au moins deux clichés d’une grande signification.

Deux images qui ont fait parler et réagir les réseaux sociaux au point de condenser à elles seules la grande accélération des évènements qu’avait incarnée cette cérémonie.

Le premier est celui du conseiller national à la sécurité d’Israël Meir Ben Shabbat s’adressant au Roi Mohammed avec des mots en arabe dialectal qui traduisent avec force la valorisation de l’identité marocaine chez nos compatriotes juifs qui ont immigrés en Israël. Une brève intervention qui a résumé en quelques mots leur amour du pays d’origine et leur indéfectible allégeance à la monarchie.

Et pour cause. En plus de la longue période où ils ont vécu comme une composante naturelle et essentielle de la société marocaine dans sa variante arabe, berbère et africaine, les juifs du Maroc ont une reconnaissance éternelle à l’égard du Roi Mohammed V qui préféra subir les foudres du régime antisémite de Vichy, soutien des nazis, plutôt que de livrer les juifs du Maroc à leur machine de morts et de génocide qui fera plus de six millions de morts juifs sur le territoire européen.

Ces Juifs marocains, devenus citoyens israéliens ont pu compter sur la diligence du Roi Hassan II qui a su leur maintenir ouvertes les portes du pays de leurs ancêtres, tout en œuvrant inlassablement pour la paix dans la région entre Israéliens, Palestiniens et Arabes.

Le Roi Mohammed VI poursuivra la politique de son père et de son grand-père. Il veilla à valoriser la composante juive de la société marocaine en protégeant son patrimoine et en ravivant sa culture. Il donna aussi la possibilité à la diaspora juive marocaine, dynamique et inventive, la possibilité de servir son pays d’origine et de défendre ses intérêts vitaux.

La seconde image qui a fait couler beaucoup d’encre et susciter de grandes polémiques est celle du premier ministre Saâdeddine El Othmani, patron de la formation islamiste le PJD, en train de signer l’accord tripartite. M. El Othmani fait l’objet d’une violente attaque de la part de ses « frères ». Ils lui reprochent ses anciennes déclarations anti-normalisation avec Israël et son acceptation actuelle de la reprise des relations entre le Maroc et l’Etat hébreu.

Benkirane et El Otmani

La violence des attaques était telle que l’ancien premier ministre, l’islamiste Abdelillah Benkirane, a cru nécessaire de sortir de sa retraite pour voler à la rescousse de l’actuel chef du gouvernement. Objectif : calmer les esprits et les ardeurs frèristes de certains, et expliquer à ceux qui ne l’auraient pas compris la primauté de l’intérêt national sur le discours parfois chimérique de la posture islamiste internationale.

Ces circonvolutions islamistes sur la reprise des relations avec Israël qui s’est télescopée avec la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara font partie des grandes hésitations et contradictions des islamistes marocains.

Dans ce cas précis, la rhétorique islamiste cède à la facilité d’une illusion d’optique qui fait passer la paix avec Israël comme plus dangereuse pour le Maroc en comparaison des fruits politiques indéniables de la position américaine à l’égard du Sahara marocain.

Tandis que la plupart des partis de l’échiquier politique marocain ont saisi l’importance stratégique de ce tournant américain qui scellera dans le marbre l’unité politique et géographique du Royaume, une partie des forces islamistes, sous l’emprise idéologique de la confrérie des frères musulmans, dont l’agenda refuse pour le moment tout rapprochement avec Israël, ont cru bon de bouder leurs plaisirs.

Ces forces Islamistes ont donné cette fâcheuse impression de vouloir sortir de l’unanimité nationale pour saboter par leurs hésitations et leurs critiques la grande performance diplomatique que le Maroc vient de réaliser en arrachant la reconnaissance de la marocanité du Sahara de la plus grande puissance politique du monde.

Cette approche de certains islamistes marocains devient d’autant plus anachronique que le Maroc n’a aucunement changé sa manière de se comporter avec le conflit israélo-palestinien. Fervent défenseur de la solution à deux Etats et de la préservation du  caractère islamique de la ville sacrée d’Al Quds, le Maroc n’a cède sur aucun point névralgique de la question palestinienne si chère aux Marocains.

Dans ce contexte, le discours populiste islamiste a tendance à privilégier la posture extra nationale, quitte à faire le jeu des adversaires du Maroc tapis dans l’ombre ou ouvertement hostiles, plutôt que de servir les intérêts nationaux qui feraient en sorte que la fin du conflit du Sahara rendrait le Maroc plus fort et sa voix singulière plus audible pour défendre les intérêts de ses amis, y compris ceux du peuple palestinien.

 

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