Marine Le Pen attaquée par ses rivaux sur son programme économique

Emmanuel Macron et surtout François Fillon tentent de faire du projet économique de Marine Le Pen son talon d’Achille en ciblant notamment la mesure clivante de la sortie de l’euro, principal axe d’un programme dont le chiffrage a évolué au gré des déclarations de la candidate frontiste.

"Il se permet de donner des leçons, des leçons d’économie. On rêve". En meeting mercredi soir à Monswiller (Bas-Rhin), Marine Le Pen ne s’est pas privée de répliquer à François Fillon, régulièrement renvoyé à son bilan de Premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Car le candidat de la droite a fait de ce thème son meilleur angle d’attaque contre la présidente du FN dont la politique économique, a-t-il dit, "s’effondrera à la minute où les Français se seront prononcés sur cette sortie de la monnaie européenne".

Mme Le Pen souhaite un référendum à l’issue des négociations qu’elle compte entamer avec l’UE mais "une immense majorité" des Français est "contre la sortie de l’euro", a martelé le candidat de la droite, aidé sur cet angle d’attaque par Emmanuel Macron

"Avec la sortie de l’euro, pour les épargnants, pour les travailleurs, ce sera une baisse de pouvoir d’achat. Ce que vous proposez, c’est la guerre économique". "La réalité de notre vie économique, c’est que ce seront des destructions d’emplois", a affirmé l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande lors du débat à 11, mardi soir.

Ces critiques convergentes sonnent comme une mise en garde à destination notamment des plus de 65 ans, un électorat que Mme Le Pen peine à séduire, alors qu’il est beaucoup plus réceptif aux propositions de M. Fillon, parfois du simple au double.

Ces personnes, souvent retraitées, s’inquiètent de la sortie de l’euro souhaitée par Marine Le Pen. Elles ne sont pas les seules: selon un sondage Ifop fin mars, seules 28 % des personnes interrogées souhaitent un retour au franc. Dix points de moins que dans un sondage de 2010.

Depuis 2012, la présidente du FN a donc tempéré sa communication en la matière, dénoncée hors micro par nombre de frontistes, au premier rang desquels Marion Maréchal-Le Pen, comme un des principaux freins à leur progression électorale.

La ‘vision’, pas les ‘virgules’

Désormais, la sortie de l’euro n’est plus présentée comme la clé de voûte du projet "Le Pen" mais comme une mesure parmi d’autres.

L’écriture, dans les "144 engagements" de Mme Le Pen, a été édulcorée: il s’agit de "retrouver quatre souverainetés, territoriale, législative, budgétaire et monétaire".

Mme Le Pen veut "retrouver" la "monnaie nationale" pour les échanges du quotidien, et une monnaie commune européenne pour ceux internationaux, ce qui supposerait l’accord des autres membres de la zone euro.

Malgré cette tentative d’arrondir les angles, M. Fillon continue d’agiter le chiffon rouge du "risque" Marine Le Pen. Le programme frontiste, c’est "150 ou 160 milliards de dépenses supplémentaires" dit-il, inspiré par les travaux du libéral Institut Montaigne ou une étude de la Fondation Concorde, proche des Républicains.

Pour Mme Le Pen, ces chiffres sont "complètement délirants (…) Mon programme est chiffré, c’est en l’occurrence 80 milliards d’économies et 90 milliards de dépenses et de baisses d’impôts." Deux chiffres qui ne figurent pourtant dans aucun document frontiste.

"Les économies sur la gestion de la Sécurité sociale, sur la fraude sociale et l’évasion fiscale (notamment les profits détournés), sur l’Union européenne, sur l’immigration (dont la suppression de l’AME), sur la réforme institutionnelle (suppression des doublons ?) et sur la délinquance permettront de dégager près de 60 milliards d’euros en 5 ans", pouvait-on lire sur le seul chiffrage dévoilé à ce jour, début février sur le site internet de candidate.

Fin mars, Mme Le Pen avait évoqué "des mesures d’économies pour 96 milliards".

Qu’importent les chiffres exacts, Marine Le Pen défend ses "choix politiques", balaie les "experts" et préfère la "vision" aux "virgules".

Un frontiste résumait récemment les choses plus prosaïquement: "un chiffrage détaillé a plus d’inconvénients que d’avantages. Ca pousserait au décorticage mesure par mesure et ça serait facile de dénigrer une mesure prise isolément".

Avec AFP

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