Après les variants anglais, brésilien et sud-africain déjà présents sur le territoire, une nouvelle souche du virus Sars-CoV- 2 fait surface en Inde. Depuis quelques semaines, le pays de 1,3 milliard d’habitants s’enfonçait dans une crise sanitaire majeure, ses hôpitaux submergés appelant à l’aide face à une explosion de l’épidémie de Covid-19 due en partie à la circulation d’un nouveau variant : le B.1.617.
Qualifié de « double mutant », le nouveau variant suscite des inquiétudes en Inde et ailleurs car il serait porteur de deux mutations particulièrement puissantes et résistantes aux anticorps. L’une d’elles pourrait être capable d’entraîner une augmentation de la transmission.
Le B.1.617 a été repéré pour la première fois en octobre 2020 près de Nagpur, située dans l’Etat de Maharashtra, qui abrite la capitale économique de Bombay.
Ce nouveau variant indien représenterait actuellement 55% des cas de contaminations au Maharashtra et plus de 10% dans le reste du pays, fait savoir le directeur du Centre de biologie moléculaire et cellulaire, Rakesh Mishra.
Selon une étude de la chercheuse en virologie Grace Roberts de l’Université Queen’s de Belfast, cette variante est estimée à environ 20% plus transmissible que la forme antérieure du coronavirus qui a circulé lors de la première vague.
Outre l’Inde, le B.1.617 a fait son apparition dans plusieurs pays dont l’Allemagne, l’Italie, les Etats-Unis, l’Australie et le Canada.
Et ce qui inquiète le plus les autorités indiennes c’est que la nouvelle souche semble toucher plus de jeunes que les précédentes. Selon le chef du gouvernement local de Delhi, Arvind Kejriwal, 65 % des nouveaux patients ont moins de 45 ans.
« Une grande tragédie » aura lieu si on ne prend pas « des mesures rapides et significatives » pour résoudre la pénurie aiguë d’oxygène médical, c’est ainsi que M. Kejriewal a averti le gouvernement central.
Les files d’attente de patients atteints du Covid et leurs proches inquiets s’allongent devant les hôpitaux des principales villes du pays où près d’un million de nouveaux cas ont été recensés en trois jours.
Par précaution, plusieurs pays ont interdit les vols en provenance d’Inde dont la Grande-Bretagne qui a signalé 103 cas de ce variant indien sur son territoire.
La distanciation sociale en Inde, un mythe ?
Ces derniers mois, l’Inde pensait avoir acquis une certaine immunité collective, vu le nombre moyen des contaminations si l’on prend en compte le nombre d’habitants au deuxième pays le plus peuplé au monde. Par conséquent, le pays n’a pas tardé à renouer avec les festivals religieux et les rassemblements politiques ayant réuni des millions de personnes. La promiscuité et le non respect de la distanciation sociale fait la règle dans un pays aussi peuplé que l’Inde.
Résultat, la situation est hors de contrôle et presque rien ne parvient à aplatir la courbe des contaminations. Le pays se retrouve impuissant, sans aucun moyen de répondre face à l’ampleur la situation.
Saturés, les hôpitaux qui font face à une pénurie d’oxygène médical, sont parfois contraints de refuser des patients faute de lits de réanimation ou de respirateurs comme c’est le cas dans plusieurs régions à Delhi ou à Mumbai où des dizaines de décès ont été signalés en raison du manque d’oxygène.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent même des centres hospitaliers, entièrement débordés, forcés de soigner deux patients par lits.
Vaccination, le rythme est encore lent
Bien que le pays soit leader mondial dans la production de vaccins, il s’est retrouvé en pénurie à cause de la montée exponentielle des cas mais aussi en raison des brevets sur les vaccins détenus par les principaux laboratoires et à l’interdiction d’export à l’étranger par les Etats-Unis de plusieurs composants nécessaires à la fabrication de vaccins.
De ce fait, de nombreux centres de vaccination ont dû fermer alors que le pays s’apprête à ouvrir la vaccination à tous les adultes de plus de 18 ans à partir du 1er mai.
« Au rythme de deux millions de vaccins par jour, il nous faudra deux ans et demi pour que 70 % de la population soit vaccinée avec deux doses », a déclarait dans ce sens Ramanan Laxminarayan, le directeur du Center for Disease Dy-namics, Economics and Policy.
L’Inde a limité dernièrement les explorations de vaccins pour subvenir à ses besoins intérieures, mais le déficit est toujours là.
Le pays peine à contenir la propagation du virus malgré une vaste campagne de vaccination qui a permis d’administrer à ce jour plus de 138 millions de doses.