Entre quarantaines et incertitudes, nombre de Français de l’étranger renoncent à rentrer

Incertitudes sur l’ouverture de l’espace aérien, possibles quarantaines en France ou dans leur pays de résidence : de nombreux expatriés renoncent à revenir cet été en vacances dans l’Hexagone, refroidis par les restrictions de déplacement liées à la pandémie de Covid-19.

Une petite part de moi espère toujours rentrer « , reconnait Marianne, enseignante dans une école primaire francophone de Tunis, qui regrette de priver cette année son fils de sept ans de retrouvailles avec ses grands-parents.

Mais il y a trop de stress et d’inconnues, et je préfère me résoudre à des vacances ici plutôt que d’avoir à la fois la déception de ne pas pouvoir partir en France, et celle de n’avoir rien prévu en Tunisie « , dit-elle.

Les Français installés à l’étranger sont plus d’un million, hors Europe, selon le ministère français des Affaires étrangères, dont 160.000 aux Etats-Unis et plus de 120.000 au Maghreb.

Parmi eux, certains s’inquiètent pour des parents âgés et malades, ou des enfants restés seuls en France.

Nous avons deux filles de 17 et 20 ans en France qui gèrent leur confinement et déconfinement et un avenir incertain sans nous « , témoigne Stéphanie, confinée dans l’Etat de New York, aux Etats-Unis.

On ne sera pas là pour leur trouver un logement et les installer à la rentrée « , en fonction de leur orientation, ajoute-t-elle.

Quatorzaine volontaire

En Côte d’Ivoire, où neuf vols spéciaux ont ramené les Français de passage et quelques résidents en difficulté, nombre des 20.000 Français enregistrés attendent toujours l’ouverture de l’espace aérien.

En théorie, hors d’Europe, seules peuvent rentrer les personnes résidant en France ou disposant d’une dérogation. Ces règles pourraient être révisées après le 15 juin, a indiqué à l’AFP une source au ministère de l’Intérieur.

Sur son site, le Quai d’Orsay recommande aux Français résidant hors de l’espace européen « d’éviter autant que possible les déplacements internationaux », et  » notamment de chercher à revenir sur le territoire national

La semaine passée, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé à l’Assemblée une « quatorzaine volontaire » à l’arrivée, sur un lieu choisi par le voyageur.

Le ministère de l’Intérieur a précisé que cette mesure, entrée en vigueur, concernait « tous les voyageurs en provenance de l’extérieur de l’espace européen », c’est-à-dire hors UE, Royaume-Uni, Suisse, Norvège ou encore Islande.

Des informations commencent à circuler sur la prochaine reprise de vols commerciaux. Mais l’Association internationale du transport aérien (Iata), qui regroupe 290 compagnies aériennes, a indiqué ne prévoir une reprise des vols intercontinentaux qu’au dernier trimestre.

De quoi donner des maux de tête, ainsi au sein de l’importante communauté française en Israël.

Stéphane et Laura Lellouche, un couple de quadragénaires franco-israéliens vivant à Bat Yam (centre) avec leurs trois enfants, se sont fait une raison, même si le reste de leur famille est en France.

Nous n’avons pas pu y aller depuis deux ans et on était impatients « , raconte Laura, architecte d’intérieur. Mais, » même si les frontières rouvrent, on ne va pas se confiner pendant deux semaines, ça n’est pas envisageable de passer des vacances de cette manière.

Sans garantie

Au Maghreb, des milliers de Français simplement de passage n’ont pas encore tous réussi à regagner leur pays, malgré les quelque 200 vols spéciaux organisés par exemple depuis mars pour en rapatrier 30.000 du Maroc.

Assailli de requêtes, Paris a annoncé mardi la mise en place de trois vols quotidiens vers Alger et d’un « pont maritime » avec le Maroc.

Certains réservent des vols pour la France mis en ligne pour juillet ou août sans avoir de garantie que ces vols partent ni qu’ils seront remboursés en cas d’annulation « , indique-t-on par ailleurs dans une ambassade française.

Dans l’autre sens, les Français d’origine maghrébine et binationaux risquent aussi d’être privés de retrouvailles familiales cet été.

Aucune date n’a été évoquée pour la reprise des dessertes maritimes habituelles, ni pour la réouverture de l’espace aérien.

La Tunisie, comme l’Algérie, imposent en outre une quarantaine de sept à 14 jours dans des foyers ou hôtels à l’arrivée, ce qui ralentit les retours au pays et entrave tout projet de séjour temporaire.

Le Maroc peine lui à rapatrier ses 32.000 ressortissants en déplacement à l’étranger au moment de la fermeture soudaine des frontières, en mars. Difficile dans ces conditions d’imaginer accueillir cet été ceux résidant à l’année hors du royaume.

Cette situation pourrait peser lourd sur l’économie, la diaspora étant une importante source de devises pour ces pays.

 

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