Retraites en France : le gouvernement à la recherche d’un compromis

Après plus d’un mois de contestation, la CFDT a mis sur la table des pistes de compromis sur la réforme des retraites que le gouvernement compte examiner, résolu lundi à trouver un "sortie de crise rapidement".

"Jamais le compromis ne m’a semblé aussi proche", a même affirmé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur France Inter. "Il faut voir dans le détail ce que sont ces propositions" lorsque "les négociations se réouvrent" mardi, a commenté plus prudemment la porte-parle du gouvernement Sibeth Ndiaye à l’issue du conseil des ministres de rentrée.

La semaine s’annonce tendue, ponctuée par une série de mobilisations contre la réforme. Alors que les négociations reprendront mardi entre gouvernement et syndicats, les organisations les plus hostiles au projet ont prévu deux grosses journées d’action jeudi et samedi.

En attendant, la grève à la SNCF, désormais la plus longue depuis sa création en 1938, se poursuit mais s’atténue avec 8 TGV sur 10, 2 TER sur 3, un Intercités sur 3 et en Ile-de-France un Transilien sur deux.

Côté RATP, l’essentiel des lignes de métro ne fonctionnent qu’aux heures de pointe ou très partiellement et seuls 1 bus sur 2 circule. "Je suis dégoûtée parce que ça sert à rien" que les grévistes continuent, confiait lundi matin à la gare de Nord, Naomie, employée de 27 ans. Mardi, elle restera chez elle: "je vais pas aller me casser une cheville pour prendre le RER".

Mais une porte semble s’entrouvrir, en particulier pour trouver un compromis sur l’âge pivot, devenu le principal point de blocage entre le gouvernement et la CFDT, le syndicat le plus favorable aux autres principes de la réforme.

Bruno Le Maire a dit "banco" à l’organisation de la "conférence de financement" proposée dimanche soir par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. "Une très bonne proposition", a-t-il ajouté.

"Le gouvernement prend note avec intérêt" de la proposition, a également salué Sibeth Ndiaye, ajoutant toutefois que Laurent Berger "souhaite toujours séparer la question du financement" du reste de la réforme, "ce qui n’est pas la feuille de route du président de la République".

"Nous souhaitons que cette sortie de crise intervienne rapidement (…) Des pas les uns vers les autres, le gouvernement en a réalisé et continuera à en faire", a-t-elle promis.

Bruno Le Maire a aussi qualifié de "très bonne proposition" l’idée d’une décote temporaire en cas de départ à la retraite avant l’âge pivot, une idée lancée cette fois par le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, un très proche d’Emmanuel Macron, dans Le Parisien.

Un autre signe d’ouverture a été donné par le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui a indiqué ne pas être "arc-bouté sur l’âge pivot". "Demain on ira à Matignon en étant constructif", a-t-il dit sur BFM Business.

– Opinion partagée –

L’opinion continue à être partagée. Selon un sondage Ifop pour le JDD, plus de la moitié des Français (55%) souhaite que le gouvernement n’aille pas au bout de la réforme en l’état et le soutien à la mobilisation reste supérieur à l’hostilité. Mais un sondage Elabe indique que si les deux-tiers des Français sont contre l’âge pivot, 54% seraient d’accord pour une retraite à points.

Le camp des opposants reste lui inflexible. Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, a redemandé dimanche le retrait de ce "mauvais" projet et averti qu’en n’écoutant pas la partie du pays opposée à cette réforme, "on joue avec le feu sur la future échéance électorale". Le Rassemblement national a précisé, par la voix de son vice-président Jordan Bardella, que s’il arrivait au pouvoir il "retirerait ce système à points".

Emmanuel Macron "a tort de croire qu’en jouant le pourisssement, les gens vont se résigner", a insisté Jean-Luc Mélenchon qui s’est rendu à la raffinerie Total Grandpuits pour soutenir les salariés en lutte contre la réforme.

Le secrétaire général de FO Yves Veyrier a averti que son syndicat n’était "pas prêt à signer un accord, même si l’âge pivot devenait temporaire" et appelé "à se mobiliser largement cette semaine et en particulier" jeudi.

La Fédération CGT de la chimie a ainsi appelé à un blocage des installations pétrolières à partir de mardi pour quatre jours, et les représentants des avocats à durcir la grève dans les tribunaux pour défendre leur régime autonome. Des syndicats d’infirmiers et de kinésithérapeutes ont aussi pour mot d’ordre la grève.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite