Municipales: le FN s’affirme désormais comme « la troisième force politique » en France

La spectaculaire poussée du Front national dimanche au premier tour des municipales est soulignée par les éditorialistes pour qui le FN s’affirme désormais comme « la troisième force politique » en France, sonnant « le glas du bipartisme ». Tous notent également le taux record d’abstention, même s’il était « prévisible », et voient dans les résultats de dimanche une « sanction » envers le gouvernement. « Le désaveu », titre en une Le Figaro, « un scrutin de défiances », écrit L’Humanité, « la gauche sanctionnée » et « percée du Front national », écrit de son côté La Croix alors que Libération titre Front national « peur sur les villes ». Sanctionné, titre Le Parisien.
Le chef de l’État avait fait le pari que ce scrutin serait illisible. En clair, que la perte de quelques villes moyennes serait compensée par le gain de Marseille et la préservation de plusieurs bastions socialistes. On en est loin… Cet échec cinglant sonne comme un désaveu auquel il lui sera difficile de faire la sourde oreille. Dès la semaine prochaine, les rumeurs sur le remaniement repartiront de plus belle.

"Les électeurs ont indiscutablement sanctionné la gauche au pouvoir et son bilan", assure François Ernenwein, dans La Croix. "Une sanction nette à l’égard de la politique gouvernementale", abonde Patrick Apel-Muller, pour L’Humanité. "Un vote sanction", reconnaissent aussi Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain) et Hubert Coudurier (Le Télégramme). Pour Éric Decouty (Libération), "elle avait beau être prévisible, la sanction est sévère". "Il est rare de le faire dans de telles proportions", relève Michel Urvoy, dans Ouest-France. "Une déroute magistrale, un rejet profond, un désaveu cinglant", juge Matthieu Croissandeau, dans le Parisien.

Une fois ce constat fait, les éditorialistes s’attardent longuement sur la conséquence du vote des Français qui permet au Front national de réaliser "des scores supérieurs aux anticipations" et de s’affirmer "comme la troisième force politique", commente Michel Urvoy (Ouest France).

"La fin du système gauche-droite"

Dominique Jung, pour Les Dernières Nouvelles d’Alsace, voit également dans le FN "la troisième force" et "sans doute la fin du système gauche-droite plus ou moins hermétique". Même son de cloche, pour Bruno Dive dans Sud-Ouest, pour qui le Front national "bouleverse la scène" et "c’est bien le glas du bipartisme qui a résonné hier, avec la confrontation de trois blocs : la gauche, la droite et le FN", ajoute-t-il. "La poussée du Front national va modifier durablement le paysage électoral", confirme Matthieu Croissandeau. "Le Front national s’installe comme un arbitre de la vie politique française", estime Jean-Michel Bretonnier, pour La Voix du Nord.

Ce résultat "ressemble de plus en plus à un véritable enracinement", prévient Philippe Marcacci, pour L’Est républicain. "C’est un coup de barre à l’extrême droite que la France électorale a donné hier", affirme Michel Muckensturm, dans L’Alsace. Alexis Brézet, dans Le Figaro, note un "vote Front national puissant" et "la forte poussée du FN" qui est "un désaveu clair pour la majorité". Patrick Apel-Muller (L’Humanité) s’alarme, car "la progression du Front national est sérieuse".

"Stupeur et inquiétude"

Pour Philippe Waucampt, dans Le Républicain lorrain, "c’est (même) l’image forte de ce scrutin : le FN Steeve Briois emportant dès le premier tour la ville de Hénin-Beaumont". "Le FN récolte les fruits du climat délétère qui règne au sein de la classe politique", explique Christophe Bonnefoy, pour Le Journal de la Haute-Marne. "C’est une victoire pour Marine Le Pen. Le FN poursuit sa lente montée vers le pouvoir par un maillage d’élus", observe Jean-Marcel Bouguereau, dans La République des Pyrénées.

"La dédiabolisation menée par la présidente du Front national fait son effet. Les vieilles rengaines sur la patrie en danger ne fonctionnent plus", prévient Jérôme Glaize dans Le Maine Libre. "Le Front national (…) ramasse une rançon faite d’aigreurs et de colère", déplore Jean-Claude Souléry, de La Dépêche du Midi. Et voilà comment un "premier tour des élections municipales vient déterrer, avec stupeur et inquiétude, le spectre de l’extrême droite", selon Philippe Palat, dans le Midi Libre. Et Éric Decouty de tirer une conclusion : "Ces résultats sont aussi la défaite de la politique. À l’UMP comme au PS, le moment est peut-être venu de redonner un peu de crédit au débat politique."

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite