« Le taux d’activité féminine dans la région n’est que de 20 % (soit moins de la moitié de la moyenne mondiale) et il est encore plus bas dans le secteur de l’énergie, et ce, alors même que la proportion de femmes diplômées dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) y atteint 50 % », souligne, dans un blog, l’institution financière basée à Washington.
Une récente évaluation de la Banque mondiale montre que dans de nombreux pays de la région MENA, les femmes représentent moins de 5 % de la main-d’œuvre dans le secteur de l’énergie, et en moyenne 10 % dans les domaines techniques ou à des postes de direction. Pour aider à réduire ce fossé, l’institution internationale entend lancer un réseau de promotion du rôle des femmes dans le secteur de l’énergie dans la région MENA (RENEW-MENA). Objectif: accroître la participation économique des femmes à travers la chaîne de valeur du secteur, améliorer les conditions de travail dans les secteurs privé et public, combattre les stéréotypes sur le rôle des femmes dans les STIM et accroître leur visibilité dans le secteur.
Ce réseau interviendra sur trois axes: faciliter les transitions entre l’enseignement des STIM et l’emploi; faire progresser le recrutement, améliorer la fidélisation des talents professionnels et faciliter l’avancement de carrière; et promouvoir l’entrepreneuriat et l’inclusion financière.
Actuellement, dans des pays comme la Tunisie, la junte féminine est cantonnée à des postes administratifs ou des emplois peu qualifiés, une situation qui s’explique, selon la même source, par une combinaison de facteurs comme « des normes sociales restrictives, des obstacles juridiques qui renforcent les stéréotypes de genre ou encore un phénomène de ségrégation professionnelle ». « Si les chiffres paraissent plus élevés dans le secteur des énergies renouvelables, la différence est minime. Par exemple, en Jordanie et en Égypte, l’écart entre la présence des femmes dans les énergies renouvelables et dans le secteur énergétique en général n’est que de 1 % », poursuit-on.
Cette exclusion des femmes a pourtant un énorme coût pour l’économie. Selon le Fonds monétaire international, le fait de remédier aux inégalités entre les sexes pourrait accroître de plus de 20 % le produit intérieur brut de la région. Et que cela serait aussi bénéfique pour les affaires, car les entreprises dont les conseils d’administration intègrent des femmes sont plus productives et plus rentables. Certains rapports indiquent que les entreprises comptant 30 % de femmes aux postes de direction ont beaucoup plus de chances de réussir dans les secteurs liés aux STIM que celles sans représentation féminine.
« Dans ce contexte, favoriser l’égalité entre hommes et femmes dans le secteur énergétique devrait être considéré comme un impératif, urgent qui plus est », soulignent les auteurs du blog qui font état du potentiel de la transition et du développement des énergies propres dans les pays de la région MENA.
Selon les estimations, le marché mondial de l’énergie connaîtra une croissance de 44 % d’ici 2050, avec 80 % des emplois liés aux renouvelables, contre 11 % liés aux combustibles fossiles et 5 % liés au nucléaire.