Les Américains votent, deux ans après la victoire de Trump

Des dizaines de millions d’Américains votaient mardi aux élections de mi-mandat pour élire un nouveau Congrès, l’opposition démocrate pariant sur un vote sanction contre le président Donald Trump, deux ans après sa victoire.

Les bureaux de vote ont ouvert dès six ou sept heures du matin selon les Etats. Des électeurs ont fait la queue parfois très tôt pour remplir leurs longs bulletins de vote, en ce premier mardi suivant le premier lundi de novembre, selon la tradition pour les élections nationales aux Etats-Unis.

La totalité de la chambre basse du Congrès, la Chambre des représentants (435 élus), sera renouvelée ainsi qu’un tiers du Sénat (35 sièges sur 100) mais aussi 36 des 50 gouverneurs, et des milliers d’élus locaux à divers niveaux. Les républicains ont actuellement la majorité au Congrès.

"Je veux envoyer un message pour dire que je ne suis pas d’accord avec la voie choisie par ce président", dit à Chicago Rory Mabin, une démocrate de 34 ans, confiant avoir "honte" d’être Américaine lorsqu’elle se rend à l’étranger.

Le président américain a fait campagne jusqu’au dernier moment, enchaînant les rassemblements "Make America Great Again".

"La sécurité et la prospérité sont en jeu dans cette élection !", a-t-il lancé lundi soir tard lors de son ultime meeting, à Cap-Girardeau dans le Missouri, où il était accompagné de sa fille Ivanka.

"Il se passe quelque chose et cela me rappelle l’atmosphère d’il y a deux ans", a-t-il lancé, portant sa célèbre cravate rouge.

"J’ai entendu dire que les démocrates voulaient donner le droit de vote aux immigrés clandestins", disait mardi Jerry, 64 ans, premier à voter avant l’aube dans un bureau de vote de Chicago… pour les candidats républicains.

Sondages favorables aux démocrates

Les démocrates sont donnés favoris par les sondages pour emporter la majorité à la Chambre, tandis que les républicains devraient conserver le contrôle du Sénat.

Mais l’incertitude est réelle. Et les enquêtes sont trop serrées dans une vingtaine de circonscriptions pour pouvoir dire avec certitude qui sera le vainqueur, mettent en garde les sondeurs, échaudés par la "surprise" Trump en 2016.

Signe du grand intérêt suscité par ces élections: plus de 38 millions d’électeurs ont voté de façon anticipée, soit 40 % de plus qu’aux dernières élections de mi-mandat, en 2014, selon l’expert de référence Michael McDonald à l’université de Floride.

Depuis deux ans, "les gens ont manifesté, ils se sont mobilisés, mais c’est leur première occasion de s’exprimer", dit Diane Vogel, qui a voté démocrate mardi à Arlington, près de Washington.

Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Deux ans après l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, les démocrates avaient ainsi subi une cuisante défaite, payant en particulier les âpres débats autour de la réforme du système de santé.

Mais la perte de la Chambre, en dépit des excellents chiffres de l’économie américaine, serait un revers personnel pour Donald Trump, tant il a fait de ce rendez-vous électoral un test sur sa popularité.

"Invasion" de migrants

Le magnat de l’immobilier, qui avait démarré sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de "violeurs", a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l’immigration.

"C’est une invasion", martèle-t-il depuis plusieurs semaines à propos des migrants d’Amérique centrale qui traversent actuellement, en groupe, le Mexique vers la frontière américaine.

Les démocrates ont fait campagne sur la défense du système de santé. Mais ils parient aussi sur le rejet de Donald Trump, qu’ils sont nombreux à qualifier ouvertement de menteur et de catalyseur des violences racistes et antisémites récentes.

Selon le dernier sondage réalisé par SSRS pour CNN, M. Trump a notamment de quoi s’inquiéter du vote des femmes: 62 % d’entre elles soutiennent les démocrates.

Semblant anticiper une possible défaite à la Chambre, il affirme depuis quelques jours qu’il s’est essentiellement concentré sur le Sénat.

La carte électorale sénatoriale joue, cette année, en faveur des républicains: le renouvellement par tiers concerne cette année des Etats majoritairement conservateurs.

Sur les 35 sièges en jeu, les sénateurs sortants les plus en difficulté sont des démocrates élus dans le Dakota du Nord, l’Indiana, le Montana et le Missouri.

Les Etats-Unis pourraient donc se retrouver, le 3 janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé. Ce qui pourrait paralyser le programme du 45e président des Etats-Unis, jusqu’aux prochaines élections de 2020.

Au coeur de l’un des duels les plus suivis de ces élections, le candidat démocrate pour le Sénat au Texas Beto O’Rourke, qui défie le républicain sortant Ted Cruz.

"Nous sommes un Etat d’immigrés, de demandeurs d’asile et de réfugiés. C’est notre force. Personne ne pourra générer une paranoïa ou des peurs capables de changer cela", a-t-il dit mardi avant de voter à El Paso.

A la veille du scrutin, les agences de renseignement ont mis en garde les Américains contre les acteurs étrangers, "la Russie en particulier", qui continuent d’essayer d’influencer l’opinion publique.

Et Facebook a annoncé avoir bloqué environ 30 comptes, ainsi que 85 comptes sur le réseau de partage de photos Instagram qu’il détient, qui pourraient être liés à des entités étrangères et servir à des ingérences dans les élections américaines.

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