Le socialiste Benoît Payan élu maire de Marseille après la parenthèse Rubirola
Sans surprise, le socialiste Benoît Payan a été élu lundi maire de Marseille promettant de rendre la deuxième ville de France « plus verte » et « plus juste », en succédant à Michèle Rubirola qui a démissionné mais devient première adjointe.
« Je suis membre d’une majorité qui défend une ville plus verte, plus juste et plus démocratique qui se donne deux priorités: rassembler les Marseillais en combattant les injustices et dessiner l’horizon d’une ville durable », a lancé Benoît Payan, 42 ans, après avoir reçu l’écharpe tricolore de celle qui appartient à la même union de la gauche du Printemps marseillais, Michèle Rubirola.
Première femme élue maire de Marseille, cette médecin écologiste a démissionné le 15 décembre, après moins de six mois de mandat, évoquant des raisons de santé et l’ampleur de la crise sanitaire, sociale et économique traversée par une des villes les plus pauvres de France. Lundi les conseillers municipaux l’ont élue Première adjointe à la place de M. Payan à la majorité absolue.
Elle avait souhaité que son premier adjoint lui succède et devienne « l’urgentiste » dont a besoin la ville méditerranéenne qui a basculé à gauche aux dernières municipales après 25 ans de règne de la droite et de Jean-Claude-Gaudin.
M. Payan a obtenu 53 voix lors du vote, soit la totalité des voix du Printemps marseillais et du groupe de Samia Ghali, l’ex-sénatrice PS figure des quartiers populaire (9 sièges), lui assurant ainsi la majorité absolue.
« Je vais être dans la majorité pour faire avancer des dossiers mais j’ai ma liberté et quand des choses n’iront pas, je le dirai », a prévenu Samia Ghali, qui avec le principe de la parité des adjoints –alternance un homme, une femme– passe de deuxième à troisième adjointe.
L’opposition de droite dans son ensemble a refusé de prendre part au vote. « Vous avez réussi le hold-up du siècle, la plus grande supercherie de l’histoire de la Ville », a lancé Catherine Pila, chef de file du groupe LR (37 sièges) dans l’hémicycle.
« Vos membres électeurs pourront-ils comprendre qu’après avoir voté pour une femme écologiste, ils pourraient se retrouver avec un maire homme et socialiste. J’y vois comme une forme de déni de démocratie », avait fustigé avant le vote Guy Teissier, élu Les Républicains et président de la séance.
Les neuf élus du Rassemblement national ont également quitté l’hémicycle lors du vote pour signifier leur mécontentement sur l’inversion des rôles entre le premier adjoint et Mme Rubirola.
« Si Benoît Payan s’était présenté sous ses couleurs (le parti socialiste), il ne siègerait probablement pas aujourd’hui en tant que premier magistrat de la ville. C’est immoral », a réagi le représentant du RN Stéphane Ravier.
Avec Benoît Payan, un des plus jeunes maires de l’histoire de Marseille, outre Jean-Baptiste Maglione élu à 41 ans au XIXe siècle, le parti socialiste reprend symboliquement le fauteuil occupé pendant 33 ans par Gaston Defferre, ex-ministre de l’Intérieur de François Mitterrand et figure emblématique de la vie politique marseillaise.
Apparatchik
Notaire de formation, Benoît Payan n’a jamais exercé, et est un apparatchik socialiste. Il a fait ses premières armes au sein du département des Bouches-du-Rhône, alors dirigé par Jean-Noël Guérini, puis dans les cabinets, à la région, puis chez la ministre Marie-Arlette Carlotti au sein du gouvernement de François Hollande.
« On dit de moi que je suis un professionnel de la politique, cet engagement je l’assume et je le revendique, j’ai fait le choix à 20 ans de devenir un militant de gauche. J’ai consacré ma vie au combat pour ce qui est juste », a-t-il déclaré.
« Je sais la situation financière de notre ville. Ses conséquences sociales et économiques. Nous la surmonterons », a-t-il promis.
Benoît Payan veut continuer de porter les priorités affichées par le Printemps marseillais: lutte contre le logement insalubre dans une ville marquée par l’effondrement de deux immeubles vétustes qui avait fait huit morts en 2018, rénovation des écoles, diminution des inégalités. A Marseille, les taux de pauvreté peuvent varier de 12% à 53% selon les arrondissements.
Dans un communiqué, le président LR de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur Renaud Muselier a félicité le nouveau maire, tout en estimant que les Marseillais, qui ont élu Michèle Rubirola sur son nom à la mairie, « doivent se sentir floués ».