Signe que la démarche n’a pas été prise à la légère et vise à inscrire dans le marbre un nouveau tournant de cette relation, cette grande rencontre sera précédée samedi d’un événement tout aussi inédit dans sa portée politique. Il s’agit de la rencontre entre le numéro Un du RNI, M. Aziz Akhannouch, également ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, avec Christophe Castaner, Délégué général du mouvement de la majorité présidentielle, la "République en marche" (LREM) et Secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement.
L’histoire de la relation des partis politiques marocains avec les Marocains du monde peut s’écrire en deux séquences. La première commence par des partis de gauche qui avait trouvé dans l’immigration vivant sur des territoires européens un terrain de repli lorsque la relation avec les autorités de l’époque devenait conflictuelle et antagoniste. Les multiples associations de travailleurs, baignées dans le syndicalisme ouvrier français des années 70, donnait à cette relation un solide lien militant qui avait pour utilité, entre autres, d’amplifier les exigences de changement formulées au pays d’origine.
Les partis marocains de gauche avaient donc trouvé dans ces associations à la fois un relais et un amplificateur. L’usine et le syndicat fonctionnaient comme des points de repères et de contacts. Ces partis de gauche n’avaient toutefois pas de présence massive et visible dans cette immigration. Leurs rapports étaient contraints à une discrétion imposée.
La seconde séquence voit deux partis relativement nouveaux dans le paysage marocain monter à l’assaut de cette diaspora. Il s’agit du parti Islamiste « Justice et Développement » (PJD), dont l’accès au gouvernement au Maroc en 2011, a donné des ailes et permis toutes les ambitions. L’autre parti est le PAM (Authenticité et modernité). Ces deux nouvelles structures avaient tout de suite compris les bénéfices à récolter à se rapprocher de cette diaspora. Tandis que le PAM chassait dans les entreprises et les grandes écoles, le PJD faisait de la mosquée et des associations cultuelles son cheval de bataille et de séduction.
En prévision d’une participation de la diaspora marocaine au processus électoral marocain par le biais des urnes, les partis politiques sans distinction ont décidé de passer à l’offensive pour offrir un large choix politique aux MRE. Mais autour de cette question de participation qui mobilise les stratégies des partis, la réflexion n’est pas encore tranchée même si l’esprit de la nouvelle constitution marocaine en la matière est on ne peut plus limpide.
Cette réflexion tourne autour des modalités à suivre pour garantir la représentation et la participation d’une diaspora évaluée aux bas mots à cinq millions de citoyens aux processus démocratique marocain. Faut-il réserver des sièges parlementaires à cette immigration par le biais du suffrage universel direct et donc imaginer une nouvelle organisation électorale ? Ou faut-il veiller à ce que cette diaspora, par un système de cooptation, soit bien représentée dans les différentes structures de l’État, d’abord pour défendre les intérêts de cette diaspora ensuite pour maintenir vivaces les précieux liens politiques et économiques avec le pays d’origine ?
Ces deux visions ont leurs détracteurs respectifs. Pour la première, les résultats des urnes peuvent ne pas refléter la réalité sociologique de cette diaspora. Pour la seconde, le système de cooptation est forcément injuste et impartial et risque de faire monter une élite coupée des réalités sociologiques des nouvelles générations de l’immigration.