La course à la présidentielle française s’enflamme autour d’un sondage

A 40 jours du premier tour, la course à la présidentielle française s’est enflammée mardi autour d’un sondage plaçant pour la première fois le président sortant Nicolas Sarkozy devant le socialiste François Hollande, démenti quelques heures plus tard par une autre enquête.

Donné jusqu’ici invariablement battu par son rival socialiste dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle le 22 avril, M. Sarkozy est crédité mardi de 28,5% des intentions de vote, contre 27% pour François Hollande, selon un sondage mené par Ifop Fiducial pour plusieurs médias.

"C’est un tournant", a commenté pour l’AFP Frédéric Dabi (Ifop), "mais un tournant nuancé puisqu’il marque la fin de ce qui était une exception sous la Ve République, à savoir un président sortant devancé au premier tour".

Mais l’événement a été accueilli avec la plus grande prudence par les principaux intéressés, en campagne à travers le pays: "Rien n’est joué, rien n’est fait (…), ce n’est que de l’écume", a jugé Nicolas Sarkozy à Fougères (nord-ouest).

A Valence (sud-est), M. Hollande a exhorté ses partisans "à ne se laisser impressionner en rien", "ni par le déferlement des moyens de l’argent, ni par le cortège des images ou l’accumulation des sondages".

Non sans raisons, car la "dynamique" que s’était empressé de saluer le camp présidentiel, autour des annonces faites ces derniers jours par Nicolas Sarkozy lors d’un grand meeting et d’une émission télévisée, n’a pas été confirmée par une enquête publiée mardi soir par TNS Sofres-Sopra Group.

Dans cette étude, M. Hollande reste en tête avec 30% des intentions de vote, tandis que M. Sarkozy y perd deux points à 26%.

Le centriste François Bayrou a raillé ces résultats contradictoires et moqué une "guerre des sondeurs" qu’il a qualifiée de "ridicule". "On se fiche de nous", a-t-il dénoncé, alors que lui-même n’est crédité que de 11,5 à 13%.

L’entourage du président sortant avait prévenu qu’il s’agissait de la semaine de la "dernière chance" et que s’il ne décollait pas dans les sondages, l’élection serait perdue.

Dans les deux enquêtes, le candidat socialiste l’emporte d’ailleurs largement au second tour le 6 mai: avec 54,5% des voix pour le sondage Ifop, 58% pour TNS Sofres.

Entré en campagne le 15 février, Nicolas Sarkozy, président le plus impopulaire de la Ve République, avait livré la semaine dernière un mea culpa et des confidences personnelles sur un début de mandat, qui avait vu plonger sa popularité. Il avait également dévoilé une série de propositions, notamment la création d’un impô t sur les bénéfices des grands groupes et la réduction par deux du nombre d’immigrés autorisés à entrer chaque année en France.

Il a également menacé de retirer la France de l’espace Schengen si les accords de libre circulation n’étaient pas révisés pour lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine et prô né un protectionnisme de nature à favoriser les entreprises produisant en Europe.

Ces propositions, parfois empruntées à la gauche à l’instar d’une mesure visant les exilés fiscaux, se doublent d’une rhétorique très à droite à l’égard des étrangers et des musulmans, comme en 2007 où Nicolas Sarkozy avait été largement élu, en récupérant notamment au second tour les voix de l’extrême droite.

Arrivant en troisième position des intentions de vote à 16%, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen a annoncé qu’elle disposait désormais des 500 parrainages d’élus nécessaires pour entrer dans la course à l’Elysée.

"A partir d’aujourd’hui, des millions de citoyens vont reprendre espoir, entrer dans la campagne et vont enfin être représentés à l’élection", a-t-elle proclamé mardi à Lille (nord).

A l’extrême gauche, deux candidats trotskistes, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), ont aussi indiqué avoir obtenu les parrainages requis, de même que le souverainiste de droite Nicolas Dupont-Aignan.

Et l’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement (5,3% des voix à la présidentielle en 2002) a officiellement annoncé mardi soir son soutien attendu à François Hollande, voyant en lui "l’homme le mieux à même de rassembler" face à la crise.

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