Huit personnes sur les 30 interpellées depuis mardi dans le cadre d’un coup de filet en France contre un réseau de cyberfinancement du terrorisme vers la Syrie font l’objet de poursuites, a annoncé samedi le parquet national antiterroriste (Pnat).
Trois d’entre elles seront présentées dans la journée à des juges d’instruction dans le cadre de deux informations judiciaires ouvertes pour « financement du terrorisme » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Ces deux informations judiciaires concernent des « faits partiellement distincts », précise le Pnat dans un communiqué.
Les cinq autres personnes sont convoquées devant le tribunal correctionnel pour être jugées « avant la fin de l’année » pour « financement du terrorisme ».
« Les autres mesures de garde à vue ont été levées », a indiqué le Pnat. Toutefois, « de nombreuses investigations » se poursuivent par ailleurs « dans le cadre d’enquêtes préliminaires distinctes à l’issue des perquisitions et des mesures de garde à vue réalisées lors de cette opération ».
Au total, 30 personnes ont été interpellées depuis mardi dans ce coup de filet destiné à démanteler un réseau utilisant des crypto-monnaies qui finançaient des membres d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique en Syrie.
Outre dix personnes fichées « S » pour radicalisation islamiste, l’opération avait conduit à l’arrestation de six proches de femmes et d’enfants de jihadistes détenus dans des camps en Syrie, soupçonnés d’avoir utilisé ce réseau pour leur envoyer de l’argent. Ils ont tous été, depuis, relâchés sans être poursuivis, selon une source proche du dossier.
Leur arrestation a suscité la colère du collectif Familles unies, qui défend le droit d’envoyer de l’argent à « leurs filles ou leurs belles-filles » afin de les aider à « survivre » dans les camps « insalubres » de Syrie.
Outre ces interpellations, une trentaine de personnes ont été entendues dans le cadre « d’auditions libres sans mesures de contrainte », a précisé le Pnat.
Selon les enquêteurs, des dizaines de personnes résidant en France se sont rendues « à maintes reprises » depuis 2019 dans des bureaux de tabac pour acheter anonymement des coupons (de cryptomonnaie) d’une valeur comprise entre 10 et 150 euros » et les créditer sur des comptes ouverts depuis l’étranger par des jihadistes.
Les investigations conduit à l’identification de « deux jihadistes français » à l’origine de ce réseau, Mesut S. et Walid F, tous deux âgés de 25 ans, qui ont rejoint la Syrie en 2013.