Alexandre Benalla et Vincent Crase libérés après une semaine de détention

Après une semaine en prison pour ne pas avoir respecté le contrôle judiciaire qui leur interdisait d’entrer en contact, Alexandre Benalla et Vincent Crase ont été remis en liberté mardi dans l’enquête sur les violences du 1er mai 2018.

M. Benalla a quitté dans la soirée la prison parisienne de la Santé en se disant "heureux et soulagé" et a remercié son avocate, Jacqueline Laffont, "de s’être battue jusqu’au bout", avant de s’engouffrer dans un taxi, a constaté un journaliste de l’AFP.

M. Crase a pour sa part quitté la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines) aux alentours de 21H, selon son avocat.

La cour d’appel de Paris a infirmé mardi la décision prise le 19 février par un juge des libertés et de la détention (JLD) de placer en détention provisoire l’ex-collaborateur du président Emmanuel Macron et l’ancien salarié de la République en marche.

C’est une victoire pour les avocats des deux hommes qui contestaient le bien-fondé de cette incarcération, ordonnée sur la base d’enregistrements clandestins publiés par Mediapart le 31 janvier et dont l’origine reste inconnue.

"Nous avons toujours considéré que cette incarcération était inopportune et non-juridiquement fondée, je me réjouis donc de cette décision", s’est félicité Me Christian Saint-Palais, avocat de M. Crase, auprès de l’AFP.

"Il n’a rien à faire en prison et chacun sait que, dans une autre affaire et pour des faits identiques, le (contrôle judiciaire) n’aurait jamais été révoqué", avait pour sa part déclaré Me Laffont à la sortie de l’audience à la mi-journée.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel s’est prononcée après avoir examiné à huis clos, à tour de rôle et pendant plus d’une heure pour chacun, le cas des deux hommes.

Ils ont été mis en examen le 22 juillet dans l’enquête sur les violences commises en marge du défilé du 1er mai à Paris. Ils devaient depuis suivre diverses obligations dans le cadre du contrôle judiciaire qui leur avait été imposé, à commencer par celle leur interdisant tout contact.

Les enregistrements publiés par Mediapart contiennent une conversation entre MM. Benalla et Crase datant du 26 juillet, quatre jours seulement après leur mise en examen. Ils ont été convoqués le 19 février pour s’expliquer au tribunal de Paris par les magistrats instructeurs, qui avaient demandé au JLD leur incarcération.

"On nous donne des extraits sonores dont on ne sait rien quant à l’origine, l’intégrité, l’authenticité", a déclaré Me Saint-Palais à la sortie de l’audience.

– Multiples enquêtes –

La défense d’Alexandre Benalla a déposé une plainte le 14 février pour "détention illicite d’appareils ou dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interceptions", "atteinte à l’intimité de la vie privée", "atteinte à la représentation de la personne" et "faux". M. Crase a lui aussi porté plainte.

Cette contre-offensive intervenait alors que le parquet de Paris a chargé début février la Brigade criminelle d’une enquête pour identifier les conditions et l’origine de ces mystérieuses captations.

Depuis sept mois, cette affaire aux multiples ramifications n’en finit plus d’empoisonner l’exécutif.

En janvier, M. Benalla a de nouveau été mis en examen pour utilisation abusive de passeports diplomatiques après son licenciement.

Puis, le 7 février, le Parquet national financier a confirmé l’existence d’une enquête sur un contrat signé entre M. Crase et un sulfureux oligarque russe, dans lequel l’ancien conseiller du président Macron aurait joué le rôle d’intermédiaire.

Au même moment, l’affaire des enregistrements de Mediapart éclaboussait Matignon: la cheffe de la sécurité du Premier ministre, Marie-Élodie Poitout, a présenté sa démission après des rumeurs selon lesquelles la conversation divulguée par Mediapart aurait eu lieu chez elle.

Celle-ci a expliqué avoir rencontré avec son compagnon Chokri Wakrim M. Benalla fin juillet à leur domicile, mais assuré ne pas connaître M. Crase et n’avoir "aucun lien avec les enregistrements".

Mi-février encore, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire afin de déterminer s’il y a pu avoir des "dissimulations de preuves" dans le cadre des différentes procédures visant l’ancien chargé de mission de l’Élysée et son entourage.

La semaine dernière, la commission d’enquête sénatoriale a rendu ses conclusions et demandé au président du Sénat de saisir le parquet pour "faux témoignage", soupçonnant MM. Benalla et Crase d’avoir menti sous serment. Le bureau du Sénat doit prendre sa décision le 21 mars.

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