Covid-19: vers la fermeture des bars à Paris
Nouveau tour de vis dans la capitale: face à la progression de l’épidémie du Covid-19, le gouvernement devrait annoncer dimanche soir la fermeture dès la semaine prochaine des bars à Paris. Les restaurants espèrent encore y échapper grâce à un protocole sanitaire renforcé.
Les dernières données de l’Agence régionale de santé (ARS) communiquées vendredi ne laissent guère d’espoir. Jeudi, le ministre de la Santé Olivier Véran avait accordé un « sursis » aux cafetiers parisiens avant de placer Paris et sa petite couronne en « alerte maximale », où se trouvent déjà Aix-Marseille et la Guadeloupe.
Or depuis, les indicateurs ne se sont pas améliorés. Le taux d’incidence dépassait toujours vendredi la barre des 250 pour 100.000 habitants à Paris – l’un des trois critères pour basculer en zone d’alerte maximale – se situant à 264 contre 261 jeudi. Le taux d’occupation des lits en réanimation pour les patients atteints de Covid-19 s’élevait lui à 34,8% en Ile-de-France, au-dessus du seuil d’alerte maximale de 30%.
Quant au troisième critère, le taux d’incidence chez les plus de 65 ans, il dépassait également le seuil critique des 100.
« Je ne vois aucune raison au déni. Les chiffres sont là, ils pèsent lourd », a commenté Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS d’Île-de-France, dimanche matin sur Twitter.
Dès lors, au sein de l’exécutif, on ne fait que peu de mystères sur l’intention de fermer les bars, déjà contraints depuis une semaine à baisser le rideau à 22h00 dans la capitale.
« Ce n’est pas acté puisque il y a encore du travail, de la discussion », a indiqué la maire de Paris Anne Hidalgo dimanche dans le Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, tout en reconnaissant que la situation sanitaire était « très grave ».
Si l’aggravation devait se confirmer, « nous n’aurions pas d’autre choix que de placer Paris et la petite couronne en alerte maximale et ce dès lundi », avait déclaré Olivier Véran jeudi, avant d’en décliner les conséquences: « plus de fêtes de famille, plus de soirées et la fermeture totale des bars ».
« Bien sûr que c’est difficile. Nous sommes les Français, nous aimons boire, manger, vivre, sourire, nous embrasser. Mais nous le faisons évidemment parce que la population aussi le souhaite », a commenté dimanche le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur LCI et Europe 1, louant le « courage » d’Emmanuel Macron d' »imposer des règles pour protéger les plus faibles d’entre nous. »
Selon un sondage Elabe pour BFMTV dimanche, 61% des Franciliens seraient favorables à la fermeture complète des bars à Paris et en petite couronne.
Les restaurants espèrent encore échapper à ce sort après avoir proposé un contrôle sanitaire renforcé – prise de température des clients à l’entrée, recueil de leurs coordonnées et limitation des groupes de convives à huit – sur lequel le Haut Conseil de la Santé publique doit se prononcer.
Pas de fronde?
Le gouvernement a laissé entendre qu’il suivrait l’avis de l’instance. Si elle valide le protocole, les restaurants pourront donc rester « tout ou partie » ouverts, même dans les zones d' »alerte maximale », et donc rouvrir à Aix-Marseille.
« Il n’est pas question de faire des différences de traitement car Paris et Marseille sont placés à partir de lundi dans la même zone » d’alerte, avance une source gouvernementale.
Concernant les bars, les élus parisiens ont indiqué qu’ils se plieraient à toute décision de fermeture, ce qui semble exclure un vent de fronde comme celui qui avait soufflé à Marseille la semaine dernière.
A terme, « on ne peut pas être dans un stop and go permanent », a cependant souligné Anne Hidalgo, qui mise sur des mesures sanitaires renforcées dans les établissements.
« Ca ne va pas leur simplifier la vie, mais tenir un registre des clients, les restaurateurs sont prêts à le faire, parce qu’ils veulent sauver leur activité », a insisté François Asselin, le président de la CPME (organisation patronale représentant les PME), sur France Inter, dimanche.
La maire de Paris a annoncé qu’elle ferait le point lundi à 11h30 avec le préfet de police, le préfet de région Île-de-France et le recteur pour présenter « des mesures complémentaires ».
Si Paris est en première ligne, d’autres grandes villes, comme Lille, Lyon, Grenoble, Toulouse et Saint-Etienne pourraient également basculer prochainement en zone alerte rouge et être concernées par les fermetures de bars.
Pour le secteur, c’est un énième coup dur. Selon la principale organisation patronale, l’Umih, environ 15% des 220.000 entreprises du secteur – cafés, bars, hôtels, restaurants, brasseries, discothèques – pourraient mettre la clé sous la porte dans les mois à venir en France, et 220 à 250.000 salariés pourraient se retrouver au chômage.