Valls promet à Berlin que la France mènera ses réformes, Merkel ne cède rien

Le chef du gouvernement français Manuel Valls, en visite à Berlin, a promis que la France allait mener ses réformes, sans obtenir de la chancelière Angela Merkel un quelconque geste supplémentaire pour la croissance européenne.

"Je veux dire aux Allemands, les réformes nous allons les faire", a martelé le Premier ministre français lors d’une conférence de presse commune à l’issue d’un déjeuner des deux dirigeants.

Pour sa première visite officielle en Allemagne – synonyme d’honneurs militaires à Berlin -, il est venu présenter à la chancelière les projets de réformes de son gouvernement et plaider pour que la première économie européenne investisse davantage pour relancer la croissance.

Sur le premier point, la chancelière a fait l’éloge d’un programme "impressionnant" de réformes qui "selon ce que j’en sais touchent à des domaines importants qui au final vont décider de la compétitivité" des entreprises françaises. Et elle lui a souhaité "bonne chance" pour leur mise en oeuvre.

Mais sur l’investissement, Mme Merkel, a de nouveau douché les espoirs d’une hausse des dépenses publiques en Allemagne, estimant qu’il existait "beaucoup de possibilités de créer de la croissance sans argent supplémentaire".

– "Krankreich" –

Une position souvent répétée ces dernières semaines par les dirigeants allemands, alors que la France n’est pas la seule à venir frapper à leur porte, au motif que l’Allemagne aurait plus de marges de manoeuvre que ses partenaires.

Rome aussi aimerait que l’Allemagne en fasse plus, le secrétaire d’Etat américain au Trésor Jack Lew a dit peu ou prou la même chose à Cairns en Australie ce weekend, le Fonds monétaire international (FMI) est coutumier du message. Mais pour Berlin l’objectif d’un budget fédéral à l’équilibre l’an prochain a priorité absolue.

Berlin reconnaît certes le besoin d’investissement pour faire repartir la machine économique mais préfère stimuler l’investissement privé. Mme Merkel a ainsi évoqué lundi des possibilités d’investissements dans l’économie numérique.

Le Premier ministre socialiste avait dit son espoir de "changer les choses en Europe" avant ce voyage considéré comme le plus important depuis son entrée en fonction.

"Nous devons les uns et les autres assumer nos responsabilités", a plaidé M. Valls, qui n’était pas en position de force, alors que Paris a dû retarder de deux ans, à 2017, le retour de son déficit budgétaire dans les clous du pacte de stabilité et de croissance.

Manuel Valls a assuré avoir "senti une très grande compréhension" de la chancelière. "Elle a dit qu’elle avait confiance en nous et dans les réformes de mon gouvernement", a-t-il ajouté dans un entretien à la chaîne publique ARD diffusé lundi soir, selon la traduction simultanée.

L’opinion allemande n’est pourtant pas tendre avec son premier partenaire commercial.

"Krankreich flop, Deutschland top", écrivait lundi le quotidien Bild, le plus lu d’Europe, en inventant une contraction des mots "krank" (malade) et "Frankreich" (la France).

L’influent Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) relevait à l’issue de la rencontre que le tandem franco-allemand "ne fonctionne bien et dans l’intérêt européen que quand les deux partenaires sont forts". "C’est pourquoi la distance entre l’Allemagne et la France ne doit pas être de plus en plus grande. La compétitivité allemande ne doit pas diminuer mais celle des Français augmenter", selon le journal.

– Doutes et interrogations –

"Je comprends les doutes et les interrogations du peuple allemand, de ses représentants, de la presse allemande parfois", a assuré M. Valls. Il a appelé à plus de compréhension de l’Allemagne envers la France: "les Allemands aiment la France qui tient ses engagements, les Français aiment l’Allemagne qui sait les comprendre", a-t-il dit.

Mme Merkel a estimé que ce n’est pas l’Allemagne mais la Commission européenne qui allait être amenée à porter un jugement sur le programme français de réformes. Bruxelles "examinera ce qui se passe en France, ce qui y est fait", a-t-elle dit.

Après sa rencontre avec la chancelière, M. Valls s’est rendu à Hambourg (nord) pour visiter une usine Airbus.

Mardi matin, Manuel Valls tentera de faire passer son message auprès des patrons de l’industrie allemande (BDI) qui tiennent leur conférence annuelle, dernière étape de sa visite de deux jours.

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