Une explosion à l’origine de la disparition du sous-marin argentin

C’est sans doute une explosion qui a causé la perte du sous-marin militaire argentin San Juan avec 44 sous-mariniers à bord, le 15 novembre, selon un rapport officiel communiqué jeudi qui a semé le désespoir dans les familles des marins.

Les analyses réalisées en Autriche de "l’anomalie hydro-acoustique" enregistrée ont conclu à "un évènement anormal, court, violent, pas d’origine nucléaire, correspondant à une explosion", a déclaré lors d’une conférence de presse à Buenos Aires le porte-parole de la Marine, Enrique Balbi.

A Mar del Plata, des pleurs et des manifestations de désespoir parmi les proches des 44 marins ont précédé l’annonce officielle. Ils venaient d’être informés de l’occurrence d’une explosion.

"Ils ne nous disent pas qu’ils sont morts mais qu’ils sont à 3.000 mètres de fond", a témoigné, en colère, Itati Leguizamon, l’épouse d’un marin, devant la base navale.

"Ils viennent de nous dire que le sous-marin a explosé", a dit en fondant en sanglots devant les caméras Jessica Gopar, dont le mardi Fernando Santilli est électricien à bord du San Juan.

"C’était mon grand amour, sept ans fiancés avant de se marier, 13 ans d’amour et un enfant qu’on a eu du mal à avoir", a dit la jeune femme en sortant de la base navale de Mar del Plata. "Et comment je vais dire à mon fils qu’il n’a plus de père ? C’est la première fois que je viens à la base et je viens d’apprendre que je suis veuve".

Effort international

"C’est terrible. D’après moi, après une explosion comme ça, c’est difficile qu’il y ait des survivants. C’est pratiquement impossible de trouver quelqu’un de vivant", a analysé pour l’AFP un ancien commandant de sous-marin.

Les autorités argentines et les navires et les avions étrangers mobilisés tentaient toujours de localiser le sous-marin dans l’Atlantique sud. La dernière position donnée était à 400 km des côtes argentines de la Patagonie.

Après une mission de surveillance et de patrouille, le submersible regagnait la base navale de Mar del Plata, son port d’attache.

Le journal argentin La Nacion a avancé la thèse d’une explosion, "conséquence d’un court-circuit dans le bloc de 960 batteries qui alimente en énergie" le TR-1700 de fabrication allemande.

Cela expliquerait l’absence de communications et le fait que le submersible n’a pas eu le temps d’activer sa balise de détresse.

"Un grave problème avec une batterie peut générer de l’hydrogène, qui au-delà d’un certain pourcentage, est explosif. Si une explosion s’est produite, eh bien, tout est perdu", a expliqué l’ancien commandant de sous-marin.

Selon la Marine argentine, le sous-marin avait signalé un problème de batterie avant sa dernière communication, une avarie jugée pas suffisamment grave pour déclencher une procédure d’urgence. Le commandant avait décidé de poursuivre la navigation.

Improbables survivants

Pour Horacio Tobias, ancien chef d’immersion du San Juan, "cela a été si violent qu’il n’ont pas eu le temps de se rendre compte de quoi que ce soit".

La zone de recherche a été considérablement réduite dans une zone où la profondeur va de 200 à 350 mètres, sur la plate-forme continentale, à la limite d’une faille qui dévale vers les profondeurs de l’océan.

Depuis mercredi soir, trois navires parcourent la zone où l’explosion est survenue, où les fonds vont de 200 à 3.000 mètres. En dessous de 600 mètres, le San Juan se disloquerait selon les experts.

Plus de 4.000 personnes, quatorze navires et dix avions sont mobilisés pour les recherches, avec l’aide des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, du Brésil et du Chili. "Un effort national et international de grande magnitude", selon la marine.

Le drame redouté n’émeut pas outre mesure les Argentins, loin d’être en communion avec leurs forces armées. La répression du temps de la dictature a laissé des traces.

Anticipant une éventuelle localisation du submersible, deux navires avaient appareillé mardi du port de Comodoro Rivadavia, en Patagonie argentine, avec un détachement de l’US Navy équipé de matériel de sauvetage, susceptible d’être utilisé en eau profonde, au cas où le San Juan aurait sombré, afin de secourir les membres d’équipage.

La Russie a annoncé envoyer un navire océanographique disposant d’équipements permettant d’"effectuer des recherches à une profondeur allant jusqu’à 6.000 mètres" grâce notamment à deux sous-marins miniatures.

Alors que des critiques ont fusé sur l’état du sous-marin, la Marine a répondu "qu’aucune unité n’appareillait si elle n’était pas en capacité de naviguer en toute sécurité". (afp)

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