Ségolène Royal, la « femme-sandwich »

L’ancienne candidate PS à la présidentielle fait campagne activement pour son ancien compagnon. Ils seront en meeting à Rennes mercredi.

Mercredi soir, Ségolène Royal partagera la même scène que François Hollande à Rennes. Un meeting commun, qui, admet-elle, a "une dimension particulière". L’ancienne candidate à la présidentielle ne cache pas que cette campagne est difficile à vivre. Elle parle d’"abnégation" lorsqu’elle évoque face à quelques journalistes son engagement en faveur de François Hollande, son ancien compagnon, le père de ses quatre enfants et actuel favori pour l’Élysée. Celui qui, dit-elle encore, "ne l’a pas soutenue en 2007", lorsque c’était elle qui était sous les feux de la rampe présidentielle.

Mais Ségolène Royal affirme aussi que "la politique est un dessein, quelque chose de plus grand que soi". Alors elle prête son image, mais également son culot, alimenté d’un indéniable instinct. Elle se dépense sans compter. Pour l’instant.

Le 7 mars, la présidente de Poitou-Charentes monte un à un les étages d’un immeuble HLM de Bagneux (Hauts-de-Seine) pour lancer la grande opération de porte-à-porte par laquelle le PS espère convaincre les abstentionnistes de gauche d’aller voter. Le 26 mars, c’est elle encore qui est l’invitée de la première émission de "Radio Hollande", webradio de campagne diffusée tous les jours jusqu’à l’élection. Sa présence rameute les journalistes au QG de campagne. "Sans moi, il n’y aurait pas cet intérêt-là", dit Royal qui poursuit dans un éclat de rire : "Je suis la femme-sandwich chargée de la promotion des nouveaux événements !"

"Elle parle beaucoup et très bien"

Et puis, toutes les semaines, les mardis et mercredis matin, elle participe aux réunions du comité stratégique de campagne. "Elle parle beaucoup, et très bien", commente un autre membre. Car, désormais, Royal qui a tant inspiré le rejet des siens fait presque l’unanimité. À la demande "de François", c’est elle qui tire les plus lourdes charges contre Nicolas Sarkozy. Ainsi lorsqu’elle estime que le président sortant a "peur" de perdre l’élection parce qu’il a "absolument besoin d’être réélu pour être couvert par l’immunité présidentielle".

Royal, qui en 2007 avait mené une campagne numérique réussie, découvre en 2012 le monde merveilleux de Twitter. Un outil "formidable", qui lui permet de commenter en direct, avec une orthographe aussi approximative que ses messages sont assassins, les interventions télévisées de Nicolas Sarkozy. Elle s’en sert aussi pour exprimer un sentiment puissant chez elle, qu’elle résume en un mot répété à l’envi : "Pillage ! Pillage !" Royal est convaincue que, sur beaucoup de sujets, elle a eu raison avant les autres, avant les siens, avant ses adversaires.

Ainsi, le 1er avril, elle réagit sur Twitter à la proposition de Nicolas Sarkozy de créer une banque pour la jeunesse : "La banque pour les jeunes existe déjà dans ma région, en mieux : ce sont les Bourses désir d’entreprendre. Déjà dix mille créations."

Le soutien de sa fille, "c’est mignon"

Elle se sert aussi du site de micro-blogging pour se défendre. Quand l’hebdomadaire VSD met en scène la semaine dernière une interview d’elle avec une photo peu avantageuse et titre "Non, François n’est pas mou", elle s’insurge : "Vsd en campagne. Photo trash et titre douteux pour un article demandé par eux. Le dictateur syrien, lui, bénéficie du respect photographique !" "Le rédacteur en chef de VSD m’a appelée, sans que j’aie besoin de communiquer autrement !", se félicite-t-elle.

En revanche elle n’a rien dit à l’hebdomadaire Gala, qui publiait dans le même temps une interview d’elle et de sa fille Flora, qui raconte avoir "pleuré" lorsque Royal a perdu la primaire, et avoir dit à sa mère : "Il y aura 2017 !" "C’est mignon !" commente simplement Royal, qui toutefois admet qu’en 2017 "il faudra laisser la place à une nouvelle génération".

Et puis, il faut bien finir par le dire, il n’est pas question dans l’affaire que d’abnégation. Royal rêve de la présidence de l’Assemblée nationale, et François Hollande le lui a promis. Pour cela, il lui faut reconquérir un siège de député, à La Rochelle, où un dissident l’attend de pied ferme. Et puis se faire accepter par l’ensemble du groupe. "Comme toujours en ce qui me concerne, il y aura des chausse-trappes", dit Royal. Comme toujours en ce qui la concerne, elle foncera tête baissée.

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