« Scènes apocalyptiques » à Ouagadougou, un groupe jihadiste revendique les attaques

Le Premier ministre burkinabè, Paul Kaba Thiéba a décrit samedi des "scènes apocalyptiques", au lendemain de la double attaque jihadiste menée contre l’état-major des forces armées du Burkina Faso et l’ambassade de France à Ouagadougou qui ont fait 8 morts parmi les forces de l’ordre.

"Ce que j’ai vu ici, c’était vraiment des scènes apocalyptiques", a déclaré M. Thiéba après une visite au siège de l’état-major visé par une attaque à la voiture piégée.

Le QG de l’armée est dans un triste état: impacts de balles, fenêtres soufflées, murs effondrés. L’explosion d’une voiture piégée a creusé un cratère dans la chaussée, propulsant le moteur à une dizaine de mètres.

Le Premier ministre burkinabè a "condamné avec la dernière rigueur cet attentat terroriste, lâche, qui s’attaque à notre pays, encore une fois et qui sème la mort, la désolation inutilement".

Le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM) a revendiqué samedi soir les attaques de Ouagadougou, affirmant avoir agi en représailles à une opération française au Mali, dans un message parvenu samedi à l’agence privée mauritanienne "Al Akhbar".

Le groupe dirigé par le Touareg malien Iyad Ag Ghaly a mené ces attaques "en réponse à la mort de plusieurs de ses dirigeants dans un raid de l’armée française dans le nord du Mali il y a deux semaines", selon cette source.

Huit membres des forces de l’ordre burkinabè ont été tués -deux gendarmes devant l’ambassade de France et six militaires au niveau de l’état-major- et 12 blessés sont en état d’urgence absolue, selon un bilan officiel. Aucun ressortissant français n’a été tué ou blessé.

Au total, plus de 80 personnes ont été blessées, selon une source sécuritaire proche de l’état-major.

– Des Burkinabé parmi les assaillants-

Huit assaillants ont été tués au cours des attaques, dont plusieurs Burkinabè, selon une source gouvernementale, et un étranger, selon une source sécuritaire. Un des Burkinabè était un ancien militaire radié, selon la source sécuritaire.

"Ils avaient une connaissance des habitudes et pratiques courantes au sein de l’état-major, ce qui explique la facilité avec laquelle ils ont accédé au sein de l’état-major par son accès de service, situé au dos de l’entrée principale", a expliqué la source gouvernementale.

Vendredi, le ministre de la Sécurité, Clément Sawadogo, avait déclaré que l’attentat visait "peut-être" une réunion militaire de la force multinationale antijihadiste du G5-Sahel (Mali, Burkina, Niger, Tchad et Mauritanie), qui devait se tenir dans une salle qui a été dévastée par l’explosion d’une voiture piégée.

Cette réunion entre le chef d’état-major et des officiers a été tenue dans une autre salle au dernier moment, évitant un carnage.

Les huit assaillants "ont été tous abattus" : "quatre à l’ambassade de France, en dehors des locaux" et quatre à l’état-major, selon une source sécuritaire burkinabè.

Le Burkina Faso est depuis 2015 la cible d’attaques jihadistes, qui ont déjà frappé sa capitale, sans jamais toutefois atteindre un tel niveau d’organisation avec deux groupes d’hommes armés opérant simultanément dans deux endroits du centre-ville de Ouagadougou et utilisant un véhicule piégé avant de lancer l’assaut à l’état-major.

"Pas de précédent"

"Ils ont clairement voulu entrer dans l’ambassade et faire le maximum de victimes. Ils étaient équipés pour faire le maximum de victimes à l’intérieur. Ils avaient sur eux des explosifs, des chargeurs ?", selon la même source.

"Je crois qu’il n’y a pas de précédent. On a déjà eu des précédents avec des voitures piégées qui ont explosé devant des ambassades – Tripoli, Nouakchott – mais pas cela", a ajouté cette source.

C’est la troisième fois en deux ans que la capitale du Burkina est la cible d’attaques visant des cibles fréquentées par les Occidentaux. Dix-neuf personnes avaient été tuées dans un café le 13 août 2017, dans un attentat non revendiqué. Et le 15 janvier 2016, 30 personnes, dont six Canadiens et cinq Européens, avaient été tuées lors d’une attaque revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Selon un rapport de l’ONU, la montée en puissance de la force du G5-Sahel va de pair avec des "menaces terroristes croissantes de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (ISGS) et de Ansar al-Islam", notamment aux confins des Burkina Faso, Mali et Niger.

Cette zone est au coeur de l’action de la force du G5-Sahel.

Avec afp

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