Rohani en France: de la diplomatie, et l’espoir de gros contrats

Le président Hassan Rohani poursuit jeudi une visite officielle en France, la première d’un chef de l’Etat iranien depuis 1999, avec la perspective de juteux contrats pour Paris et des échanges diplomatiques centrés sur la guerre en Syrie, dans laquelle Téhéran est un acteur majeur.

Arrivé mercredi, M. Rohani devait achever sa visite jeudi soir, après un entretien et la signature d’accords avec son homologue français François Hollande.

Sorti de dizaines d’années d’isolement avec l’entrée en vigueur en janvier de l’accord nucléaire et la levée des sanctions internationales, l’Iran et ses 79 millions d’habitants s’ouvrent aux industriels occidentaux, et Paris compte bien y prendre sa part.

Le ministre iranien des Transports Abbas Akhoundi a annoncé dimanche que lors de cette visite, "le contrat pour l’achat de 114 Airbus sera signé".

De source proche du dossier, on précise cependant qu’à l’heure actuelle, il ne peut y avoir autre chose que des lettres d’intentions ou des protocoles d’accords, car l’embargo n’est pas entièrement levé. Mais ensuite, il n’y a pas loin de la coupe aux lèvres et on peut vite parvenir à des contrats, car l’Iran a grand besoin de renouveler sa flotte de moyens et long-courriers, précise-t-on.

Dans l’automobile, un accord entre le constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën et l’Iranien Iran Khodro sera signé, afin de constituer une co-entreprise qui produira à terme 200.000 véhicules par an avec l’utilisation de pièces produites localement, selon une source gouvernementale française.

De grosses entreprises françaises, comme Total, sont aussi sur les rangs, et Bouygues, ADP et Vinci souhaitent participer à l’extension ou à la gestion de plusieurs aéroports iraniens.

M. Rohani rencontrera à Paris les responsables du Medef, la principale organisation patronale française, et le ministre de l’économie Emmanuel Macron.

– Décorum particulier –

Pour cette première visite en France d’un président iranien depuis Mohammad Khatami en 1999, qui est aussi la première grande visite bilatérale de M. Rohani en Europe – il s’est rendu à Rome avant Paris -, les autorités françaises ont ajouté au décorum habituel.

Ainsi, les honneurs militaires, avec les hymnes nationaux, seront rendus à M. Rohani sur la place des Invalides, en présence du chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

Au plan diplomatique, cette visite, initialement prévue il y a deux mois mais reportée à la suite des attentats de Paris le 13 novembre, sera la preuve concrète, selon les mots du président Hollande, que "le retour de l’Iran sur la scène internationale est désormais possible".

"Cette visite ouvre une période de discussions pour essayer d’accompagner l’Iran dans son retour sur la scène internationale, et faire en sorte qu’il joue un rôle positif, en particulier sur l’affaire syrienne", a-t-on indiqué de source diplomatique.

De difficiles négociations intersyriennes doivent démarrer vendredi à Genève, pour tenter de mettre fin à une guerre civile qui a fait au moins 260.000 morts.

Acteur majeur de la crise syrienne, l’Iran est un soutien indéfectible du président Bachar al-Assad, dont Paris demande le départ. Téhéran a toujours démenti avoir envoyé des combattants en Syrie mais le Hezbollah chiite libanais, appuyé par l’Iran, a reconnu y avoir envoyé des combattants pour soutenir le régime.

Autre dossier diplomatique: la crise aiguë entre Téhéran et Ryad.

M. Hollande a appelé à la "désescalade" entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui ont rompu leurs relations diplomatiques début janvier après l’exécution d’un dignitaire chiite par Ryad et le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran.

La France pourrait à cet égard contribuer à "apaiser les tensions" entre les deux capitales, car Paris entretient des "relations d’amitié" avec le royaume saoudien.

La question des droits de l’Homme en Iran ne sera pas escamotée, a-t-on aussi assuré de source française.

"Ce type de sujets est souvent évoqué en tête-à-tête et il n’y aura pas de commentaires publics sur ce sujet-là", a-t-on précisé.

Selon Amnesty International, la république islamique est notamment le pays qui exécute le plus de mineurs dans le monde, utilisant la torture et la maltraitance pour forcer les jeunes personnes à parler.

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