Reconfinement: Télétravail massif, masque obligatoire à l’école, attestation de déplacement…

Télétravail massif, masque obligatoire à l’école dès l’âge de 6 ans: au lendemain de l’annonce d’un nouveau confinement d’un mois au moins, Jean Castex a détaillé jeudi à l’Assemblée et au Sénat la mesure radicale décidée par Emmanuel Macron pour contrer une deuxième vague de Covid-19, « sans doute plus meurtrière » que la première.

Les députés lui ont apporté un large soutien, par 399 voix contre 27. A l’inverse, dans l’après midi, le Sénat dominé par l’opposition de droite a refusé (par 178 voix contre, 130 voix pour et 27 abstentions), son soutien au gouvernement et au reconfinement.

« Nous avions anticipé la deuxième vague », a assuré le Premier ministre aux députés, prévoyant un pic d’hospitalisation en novembre « plus élevé qu’en avril ». A l’issue de son intervention, il a immédiatement quitté l’hémicycle en raison de l’attaque au couteau qui a fait trois morts à Nice.

La fin des débats, réclamée par les oppositions, a été refusée par le président de l’Assemblée Richard Ferrand. « Précisément parce que des terroristes attaquent notre démocratie, c’est l’honneur de l’Assemblée nationale de continuer à faire vivre notre République », s’est-il justifié.

Plus tôt dans la matinée, le ministre de la Santé Olivier Véran avait estimé à « un million » le nombre de Français actuellement porteurs du nouveau coronavirus.

Et selon le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, les hôpitaux vont faire face à une situation « extrêmement difficile » dans les deux à trois semaines qui viennent.

Devant les députés, Jean Castex a prévenu: « Le virus accélère, nous devons accélérer aussi », en rappelant qu' »aujourd’hui, 60% des lits de réanimation sont occupés par des patients Covid, soit deux fois plus qu’il y a 15 jours ».

« Je n’ai cessé d’appeler à la vigilance », s’est encore défendu le Premier ministre. « Aucun pays n’avait prévu (que la vague) s’accélérerait de manière aussi soudaine et brutale », a-t-il fait valoir.

Situation réévalué tous les quinze jours

Deux semaines après l’application d’un couvre-feu, le nouveau confinement annoncé mercredi par Emmanuel Macron doit entrer en vigueur vendredi à 00H00 et durer jusqu’au 1er décembre, « a minima ».

Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro, sept Français sur 10 se montrent favorables au reconfinement.

Trois changements majeurs ont été mis en place par rapport au confinement du printemps: les écoles, collèges et lycées resteront ouverts, le travail pourra continuer, les Ehpad et les maisons de retraite pourront être visités.

Première conséquence: le port du masque à l’école est étendu aux enfants de primaire dès l’âge de 6 ans alors qu’il était réservé jusque-là aux seuls élèves du collège, a annoncé le Premier ministre.

Pour les travailleurs, « le recours au télétravail doit être le plus massif possible » pendant le confinement, a exhorté Jean Castex.

Mais pour le numéro un du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, la fermeture des commerces non-essentiels est « une erreur » qui risque d’entraîner beaucoup de faillites et de pertes d’emplois, et coûter « entre 50 et 75 milliards d’euros de PIB ».

Dans son allocution, Emmanuel Macron avait indiqué que le dispositif de fermeture des commerces serait réévalué tous les quinze jours.

Les entreprises de l’événementiel, du cinéma et du spectacle vivant seront en outre fermées le temps du confinement, a précisé Jean Castex, selon qui suspendre ces activités « est très douloureux mais nécessaire pour assurer l’effectivité » des mesures anti-Covid.

« Nous autorisons le travail préparatoire aux spectacles, les répétitions, les enregistrements et les tournages afin de préparer les activités de demain », a-t-il précisé.

Les prix Goncourt et Interallié, qui devaient être décernés les 10 et 18 novembre, ne seront remis que si les librairies sont ouvertes à ce moment-là.

Les compétitions sportives professionnelles pourront également continuer pendant cette nouvelle période de confinement, avait précisé mercredi la ministre des Sports.

Si le reconfinement est prévu sur tout le territoire national, des adaptations sont toutefois prévues pour les outre-mer, qui doivent encore être précisées.

« l’impréparation » du gouvernement

La présidente des députés socialistes Valérie Rabault a adressé un « oui de colère » au reconfinement: un « oui de responsabilité » pour protéger les Français, mais une « colère » contre « l’impréparation » du gouvernement, a-t-elle fustigé. « Tout le monde peut constater que vous êtes pris de court », a complété Jean-Luc Mélenchon (LFI). « Un homme décide de tout, tout seul, entouré de ce conseil de défense hors-sol », a-t-il lancé à propos du président Macron.

Le patron de La République en marche Stanislas Guerini leur a sèchement répondu: « Quand nous débattons, vous criez; quand nous ne débattons pas, vous pleurez: régulez vos émotions, ça nous fera du bien ».

Le patron des députés LR Damien Abad a indiqué que son groupe ne prendrait pas part au vote « afin de ne pas ajouter des divisions au pays », déplorant que « nous [n’ayons] plus d’autre choix que celui du reconfinement ».

Au Sénat, la très grande majorité des sénateurs LR a voté contre, de même que près de la moitié des centristes. Le président des sénateurs LR Bruno Retailleau a dénoncé « un vote inutile » et Philippe Bonnecarrère, pour les centristes, « un abaissement du Parlement ».

« Votre vote n’est pas secondaire », a répondu Jean Castex, pour qui il s’agit « d’abord d’un vote de clarification et de prise de responsabilité ».

« Quoi que nous fassions, près de 9.000 patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi-totalité des capacités françaises », a prévenu M. Macron, alors que les capacités de réanimation seront portées à 10.000 lits, soit un doublement du nombre initial.

Le nombre de patients s’y élevait mercredi à 3.036.

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