Maroc: rencontre avec l’archéologue Abdeljalil Bouzouggar autour des découvertes archéologiques de Bizmoune
Initiée par le café littéraire, Papers Club et O’TED, cette rencontre a constitué l’occasion de jeter la lumière sur ces artefacts fabriqués à partir de coquilles de Tritia gibbosula qui constitueraient les plus anciens éléments de parure découverts à ce jour dans la grotte de Bizmoune à Essaouira par une équipe internationale de l’Institut national des Sciences de l’Archéologie et du patrimoine (INSAP), de l’Université d’Arizona (Tucson, USA) et du Laboratoire méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique (CNRS, LAMPEA, Aix-en-Provence, France).
Modéré par l’architecte-urbaniste, Rachid Boufous, l’évènement a également été l’opportunité de mettre en exergue la portée et l’importance de cette découverte particulière, son impact sur l’Histoire de l’humanité ainsi que la place du Maroc dans la préhistoire.
Dans une déclaration à la MAP, M. Bouzouggar, professeur d’archéologie préhistorique à l’INSAP, a indiqué que cette rencontre vise à présenter les derniers résultats des fouilles archéologiques réalisées dans la grotte de Bizmoune à Essaouira.
« Il s’agit de la mise au jour de la plus ancienne parure au monde datant de 150.000 ans, qui nous renseigne sur plusieurs aspects d’une partie de l’histoire de l’humanité », a expliqué M. Bouzouggar, également directeur de l’équipe scientifique ayant mené cette recherche archéologique.
Ces objets de parure, a-t-il ajouté, peuvent être considérés comme des éléments de l’émergence des identités, puisque les membres des groupes humains ont utilisé les mêmes objets de parure avec la mise en place d’un système d’échanges sur de longues distances, et peuvent également constituer des éléments d’émergence du langage ».
Pour sa part, Younes Jebbari, le manager culturel du Papers Club, a relevé que cette rencontre exceptionnelle a permis de présenter les découvertes archéologiques de Bizmoune qui rebattent les cartes de la perception de la préhistoire bâtie sur une découverte précédente, et qui se retrouve aujourd’hui « totalement modifiée ».
« Cette découverte met le Maroc à l’avant garde de la compréhension de l’humanité et du parcours exceptionnel que notre race humaine a traversé depuis des centaines de milliers d’années », a-t-il dit.
M. Jebbari a, en outre, exprimé sa fierté que cette découverte ait eu lieu au Maroc et qu’elle ait été menée par des scientifiques marocains en collaboration avec des scientifiques internationaux.
La découverte principale de Bizmoune représente 32 coquilles façonnées de gastéropodes marins dans un niveau datant de 142.000 à 150.000 ans. Ces artefacts perforés par les humains et portés comme objets de parure étaient imprégnés avec de l’ocre rouge (substance naturelle riche en oxydes de fer) et constituent les plus anciens éléments de parure découverts à ce jour.
La grotte de Bizmoune est le nom que la population locale attribue à cette cavité. C’est un mot issu de l’amazighe qui signifie l’endroit des lions ou la tanière de la lionne.