Mali: le « Forum pour la réconciliation » débutera lundi, sans le gouvernement

Le "Forum pour la réconciliation" qui devait s’ouvrir dimanche à Kidal, bastion de l’ex-rébellion à dominante touareg dans le nord-est du Mali, débutera finalement lundi, en l’absence du gouvernement malien et des groupes armés pro-Bamako, a-t-on appris auprès des ex-rebelles et de sources gouvernementales.

"Nous avons reporté à demain lundi l’ouverture de la rencontre pour des questions d’organisation", a déclaré dimanche à l’AFP Redouwane Ag Mohamed Ali, un porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion).

"Nous avons des frères touareg et arabes qui doivent venir de l’extérieur, notamment de la Mauritanie, pour participer au forum et ils n’arriveront que demain", a indiqué M. Ag Mohamed Ali. La rencontre doit, selon lui, durer jusqu’à mercredi.

La CMA avait déclaré samedi soir maintenir le forum de Kidal malgré l’absence du gouvernement.

Elle "prend acte de la requête verbale du gouvernement pour un report" de la rencontre "mais regrette que cette demande ait été notifiée tardivement", écrivait-elle dans un communiqué, appelant "le gouvernement à revoir sa position et se joindre aux parties prenantes pour la réussite de ce grand rendez-vous de la paix".

"Il n’y aura pas de délégués du gouvernement au forum. Les engagements pris par les rebelles n’ont pas été respectés", a affirmé par ailleurs à l’AFP une source gouvernementale, sans donner plus de détails.

D’après les recoupements de l’AFP, le gouvernement malien était persuadé d’avoir notamment obtenu des ex-rebelles la présence symbolique de militaires de l’armée régulière à Kidal pour accueillir les représentants du gouvernement.

"C’est vrai que la ville de Kidal est sous le contrôle des rebelles mais pour nous, il est impensable d’aller à Kidal comme si nous allions dans un pays autre que le Mali. Les rebelles n’ont pas respecté leurs engagements", a déclaré à l’AFP la même source gouvernementale.

"Les rebelles roulent encore une fois tout le monde dans la farine, après avoir obtenu du gouvernement le financement de la rencontre", a indiqué à l’AFP une autre source gouvernementale.

Les groupes armés pro-gouvernementaux, notamment présents à Kidal, et réunis au sein du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), ont également annoncé qu’ils ne participeraient pas au forum.

"Nous avons dit que tout le monde doit participer. Si c’est une seule partie qui participe, ce n’est plus le forum. Le Gatia ne sera plus à ce forum qui devient +une petite rencontre+ entre les gens de la CMA", a déclaré à l’AFP Oumar Ould Mohamed Hamed, membre du Gatia.

Plusieurs diplomates à Bamako ont déclaré à l’AFP qu’ils n’assisteraient pas à cette réunion à cause de l’absence du gouvernement et des groupes pro-Bamako. "Nous voyons comment on pourra organiser le vrai forum au mois d’avril avec la participation de tout le monde", avait déclaré vendredi à la presse un membre du comité de suivi de l’accord d’Alger.

Le gouvernement malien et les groupes qui le soutiennent ont signé avec l’ex-rébellion en mai-juin 2015 cet accord pour la paix dans le nord du Mali.

Cette région était tombée en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Ces jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée à l’initiative de la France en janvier 2013 et qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature de l’accord de paix, destiné à isoler définitivement les jihadistes.

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