Mali : Ibrahim Boubacar Keïta remporte une présidentielle contestée par l’oppositioin

Le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta a été élu pour un second mandat à la tête du Mali, une victoire célébrée jeudi par ses partisans mais que l’opposition va contester "par tous les moyens démocratiques".

A 73 ans, le chef de l’Etat, qui partait favori après avoir viré largement en tête au premier tour, dirigera pour cinq années supplémentaires ce pays du Sahel toujours confronté à la menace jihadiste malgré cinq années d’opérations militaires internationales.

Il a recueilli 67,17% des voix lors du second tour le 12 août, contre 32,83% à l’opposant Soumaïla Cissé, un ancien ministre des Finances de 68 ans, selon des résultats officiels annoncé jeudi matin, qui doivent encore être validés par la cour constitutionnelle.

M. Cissé devrait s’exprimer vendredi. Mais son chef de campagne, Tiébilé Dramé, a estimé que chiffres "ne reflètent pas la vérité des urnes" et résultaient d’un "trucage monstrueux", évoquant un "jour noir pour le Mali".

"Nous allons utiliser tous les moyens démocratiques pour faire respecter le vote des Maliens", a dit M. Dramé, prévoyant notamment de "déposer des recours devant la cour constitutionnelle pour faire annuler des résultats frauduleux" dans certaines régions.

"Nous lançons un appel vibrant à la mobilisation citoyenne", a-t-il ajouté, alors que jusqu’ici, les appels à la population pour qu’elle "se lève" de Soumaïla Cissé, isolé au sein de l’opposition, sont restés lettre morte.

Dans le quartier général de campagne de M. Keïta, une cinquantaine de cadres de la majorité ont accueilli l’annonce avec des cris de victoire et des accolades, au son d’une musique électronique reprenant en boucle le refrain "IBK, président!".

Lors de la présidentielle de 2013, M. Keïta, dit "IBK", l’avait emporté avec 77,6%" des suffrages sur, déjà, Soumaïla Cissé.

Pour son second mandat, qui débutera le 4 septembre, Ibrahim Boubacar Keïta aura la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dont la mise en oeuvre accumule les contretemps et qui n’a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins.

Comme attendu, la participation a été faible, de 34,54%, contre 43,06% au premier tour.

Au QG de Soumaïla Cissé, des partisans de l’opposant scandaient "C’est Soumaïla qui a gagné!".

En fin de matinée, le fonctionnement des réseaux mobiles était toujours perturbé dans Bamako, où les forces de sécurité étaient plus nombreuses que d’habitude mais où les habitants vaquaient à leurs occupations habituelles.

Le scrutin n’a pas passionné une population lassée par la persistance des attaques jihadistes, auxquelles se mêlent souvent des violences intercommunautaires, et dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté bien que le Mali soit redevenu le premier producteur africain de coton et que son économie enregistre une croissance supérieure à 5% depuis plusieurs années.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

L’ONU mène également dans le pays sa plus importante mission actuelle, tandis que la force du G5 Sahel s’y déploie progressivement.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait appelé mardi "toutes les parties à conserver le calme jusqu’à la conclusion du processus électoral, (tout) en évitant les rhétoriques incendiaires".

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