Macron prend de la distance avec les milieux hostiles au Maroc

Il avait observé un silence mutique sur la crise que traverse les relations entre le Maroc et la France. A de multiples occasions, il avait la possibilité de s’exprimer, de rectifier, il ne l’avait pas fait avec une telle clarification. Emmanuel Macron semble prendre ses distances avec tous ces milieux politiques et médiatiques qui ont ciblé le Maroc avec une grande obsession.

Profitant du discours encadrant sa prochaine tournée africaine où il est question de revoir la nature de sa présence militaire sur le continent, Emmanuel Macron a apporté de précieuses précisions sur son état d’esprit à l’égard de la relation de la France avec les pays du Maghreb, notamment le Maroc.

Dans sa relation avec cette région, Emmanuel Macron se compare volontiers à Sisyphe, héros de la mythologie grecque qui passe sa vie à remonter une grosse pierre sur une montagne avant qu’elle ne retombe et l’oblige à recommencer éternellement. « C’est le rôle d’un président français quand il s’agit de la région » avait-il fait remarquer pour bien souligner l’importance stratégique de sa charge.

Sisyphe est invoqué ici pour mettre en exergue les nombreuses tentatives françaises de retisser les fils du dialogue avec la région du Maghreb qui a souffert ses dernières années de multiples entorses.

Dans cette sortie, Emmanuel Macron avait dévoilé sa perception de ce qu’est la relation actuelle entre le Maroc et la France malgré les lourds nuages qui les écrasent depuis de longs mois : « ma volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. Sa majesté le Roi le sait. Nous avons eu plusieurs discussions. Les relations personnelles sont amicales et elles le demeureront ».

Mais le point d’orgue de cette déclaration présidentielle française sur le Maroc fut quand Emmanuel Macron prend une distance manifeste à l’égard de toutes les attaques politiques et médiatiques contre le Maroc. Il le dit de la manière la plus claire possible : « il y a après toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties, les scandales au parlement européen, les sujets d’écoutes qui ont été révélés par la presse …Est ce que c’est le fait du gouvernement de la France ? non. Est-ce que la France a jeté de l’huile sur le feu ? Non. Voilà donc il faut avancer malgré ces polémiques mais enfin sans en rajouter parce que je pense que nos jeunesses, elles ont besoin qu’on bâtisse des projets et qu’on avance. »

Même si Emmanuel n’a pas fait allusion dans ses déclarations au sujet cardinal qui intéresse la diplomatie marocaine, à savoir le positionnement français sur le Sahara marocain, il a néanmoins tenté de lever une énorme ambiguïté qui empoisonne depuis des mois la relation France Maroc, à savoir la persistante suspicion que l’entourage d’Emmanuel Macron joue un rôle actif et primordiale dans la campagne de dénigrement européenne qui vise le Maroc. Le regard est rivé ici sur une personnalité proche de l’Elysée, Stéphane Séjourné, député européen et conseiller d’Emmanuel Macron qui a joué un rôle clé dans le montage et l’animation de cette campagne.

Une telle stratégie au niveau du groupe européen Renew sur le Maroc aurait-elle été possible sans le feu vert et la bénédiction de l’Élysée ? Emmanuel Macron affirme le contraire. Paris n’a ni inspiré ni soufflé sur les braises de cette crise entre le Maroc et le Parlement européen. Sur l’affaire des écoutes et de l’espionnage téléphonique non plus. Les autorités françaises ne seraient pour rien dans cette mayonnaise montée par certains groupes d’influence.

Toute la question aujourd’hui est de savoir quels impacts de telles déclarions présidentielles pourraient avoir sur les glaciales relations entre Paris et Rabat ? Allons-nous assister à un réchauffement entre les deux pays qui pourrait rendre possible une visibilité sur la visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc ?

En brisant son silence sur le Maroc avec ce diagnostic et ses perspectives, Emmanuel Macron tente manifestement d’ouvrir une nouvelle page avec ce pays et de paver le chemin à une normalisation des rapports, la seule capable d’insuffler une nouvelle dynamique dans le partenariat stratégique avec le Maroc. Une indication importante à surveiller, après cette clarification présidentielle, la campagne politique et médiatique contre le Maroc va-t-elle s’essouffler pour laisser place à un retour du dialogue politique à haut niveau entre les deux pays. ?

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