Les « Fake News », une « arme incontournable » pour influencer le choix des électeurs en Tunisie

La campagne électorale pour la présidentielle en Tunisie, qui s’achève ce vendredi à minuit, a pris la forme d’une guerre d’usure entre les prétendants pour le Palais de Carthage en ce sens que tous les moyens sont permis, dans une course désespérée, pour se débarrasser d’un concurrent ou influencer le choix des électeurs.

"Fake news", "infox" ou désinformation sont devenus ainsi les maîtres mots d’un houleux débat suscité parmi les acteurs politiques et de la société civile, surtout en cette période électorale.

Rafik Halouani, ancien président de "Mourakiboun", dira aujourd’hui les réseaux sociaux et notamment les "fake news" constituent une réelle menace au processus électoral. Il soutient, à cet égard, que la société civile pourrait être également une source de fausses informations, à travers notamment des rapports faussés et manipulateurs, suggérant que pour lutter contre l’impact des "Fake news", il est impératif d’engager une action de sensibilisation efficace des publics, notamment des électeurs dans un contexte électoral.

Selon lui, il s’agit d’une "guerre" enclenchée par les publics, car ce sont les citoyens qui donnent de l’ampleur aux fausses informations, appelant à mettre en place des programmes éducatifs dès les classes primaires pour enseigner particulièrement l’éducation civique et sensibiliser ainsi à l’importance de vérifier les sources d’information, notamment sur le réseau social Facebook.

De son côté, Hanen Zbiss, présidente de l’Union de la presse francophone (section Tunisie), a appelé à la promotion d’une véritable éducation aux médias numériques et à l’ère des réseaux sociaux au regard du flux énorme des informations.

"Face à ce flux, à cette révolution technologique, on est tous appelés à mettre en place une réelle éducation à ce contexte numérique", a-t-elle conclu.

Pour remédier à cette situation, une nouvelle plateforme de vérification de l’information (Fact checking) et de lutte contre le fake news est en cours d’élaboration par la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA).

Selon le président de cette instance, Nouri Lajmi, cette plateforme est le fruit d’une coopération entre les différents intervenants dans ce domaine. Elle regroupera des journalistes des médias publics.

"La plateforme qui est en état d’amélioration constante sera fonctionnelle d’ici quelques jours pour traquer la désinformation, mais aussi pour publier la bonne information", a indiqué Lajmi lors d’une table ronde, invitant par la même occasion les journalistes à se mobiliser contre la désinformation.

Il a de même expliqué que cette plateforme regroupe des techniques de vérifications avancées. La désinformation menace la crédibilité des journalistes, a-t-il averti, invoquant les expériences d’autres pays comme la France pour la lutte contre la désinformation.

"La loi anti fakenews a été adoptée en France en décembre 2018 pour exiger une plus grande transparence par rapport aux plateformes. Elle permet de faire le suivi, voire interdire une chaîne qui fait de la manipulation à travers les fake news", a-t-il indiqué.

La directrice de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) à l’Université de la Manouba, Hamida El Bour, a indiqué, pour sa part, que l’Institut a introduit une matière sur "le fact Checking" dans sa grille de matières enseignées pour la prochaine année universitaire.

Les fake news ont pris de l’ampleur avec l’usage du web 2.0, constate-t-elle, estimant qu’il faut établir un équilibre entre la liberté d’expression et la crédibilité de toute intervention journalistique.

Reste que le phénomène des "fake news" constitue un véritable "fléau" des campagnes électorales, dont l’impact est difficile à mesurer mais qui jette le trouble sur tout le processus électoral.

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