Le prince héritier saoudien met en garde l’Iran avant sa première visite à Trump

Avant sa première visite auprès de son allié Donald Trump, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a durement mis en garde l’Iran, bête noire commune du royaume sunnite et des Etats-Unis.

"L’Arabie saoudite ne veut pas se doter d’une arme nucléaire, mais si l’Iran développe une bombe nucléaire, nous suivrons la même voie le plus vite possible, sans l’ombre d’un doute", a-t-il prévenu dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CBS, qui a rendu publics des extraits jeudi avant de la diffuser dimanche dans son intégralité.

Sa mise en garde intervient alors que l’Arabie saoudite, qui veut sortir de sa dépendance au pétrole, vient d’accélérer son programme nucléaire civil, alimentant les inquiétudes sur les risques de prolifération au Moyen-Orient.

L’homme fort de Ryad, âgé de 32 ans, qui veut offrir un visage de modernisateur dans un pays qui applique une version rigoriste de l’islam, est attendu de lundi à jeudi à Washington pour sa première visite aux Etats-Unis depuis qu’il a été nommé prince héritier en juin par son père, le roi Salmane. Le principal temps fort sera sa rencontre mardi avec Donald Trump, qui ne tarit pas d’éloges sur "MBS".

Depuis son arrivée à la Maison Blanche début 2017, le président américain a renforcé l’alliance avec Ryad, où il s’est rendu en mai pour son premier voyage officiel à l’étranger.

Il ne semble pas prêter l’oreille aux critiques visant les purges menées par le roi et son fils au nom de la lutte anticorruption, le rôle saoudien dans la guerre au Yémen, les ingérences dans la politique libanaise ou encore la crise déclenchée en juin avec le Qatar, autre proche partenaire de Washington.

C’est qu’un ennemi commun, au Moyen-Orient, rapproche les dirigeants des deux pays: l’Iran chiite.

Donald Trump menace de quitter l’accord historique conclu en 2015 avec Téhéran pour l’empêcher de se doter de l’arme atomique, jugeant que ce texte signé également par la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne n’est pas assez strict, et qu’il ferme les yeux sur le programme balistique iranien et sur le rôle "destabilisateur" de l’Iran dans la région.

Il a donné à ses alliés européens et au Congrès américain jusqu’à mi-mai pour trouver d’hypothétiques solutions pour remédier aux "défauts" de l’accord, faute de quoi il promet de le "déchirer". Les négociations continuent à un rythme soutenu entre Européens et Américains, sans que l’on sache à ce stade si elles ont une chance d’aboutir.

"Où que l’on aille au Moyen-Orient, c’est l’Iran, l’Iran, l’Iran. Chaque problème n’a qu’un nom, l’Iran", a encore lancé récemment Donald Trump pour résumer ses préoccupations.

Préoccupations auxquelles Mohammed ben Salmane a fait écho sur CBS, dressant un parallèle entre les ambitions territoriales prêtées au guide suprême iranien Ali Khamenei et celles d’Adolf Hitler au temps du nazisme.

Pour le prince, Ali Khamenei veut "créer son propre projet au Moyen-Orient tout comme Hitler voulait s’étendre en son temps. De nombreux pays dans le monde et en Europe n’ont pas réalisé à quel point Hitler était dangereux avant que se produise ce qui s’est produit. Je ne veux pas que la même chose arrive au Moyen-Orient", a-t-il insisté.

Un autre très proche allié des Etats-Unis dans la région, Israël, ne cesse de marteler les mêmes mises en garde. Son Premier ministre Benjamin Netanyahu est venu les réitérer début mars à Washington, se présentant même comme l’"indispensable allié" des pays arabes opposés à Téhéran.

La Maison Blanche, qui prépare un mystérieux plan de paix entre Israël et les Palestiniens sous la houlette de Jared Kushner, conseiller et gendre de Donald Trump qui a noué un lien personnel direct avec "MBS", compte notamment sur un rapprochement entre Israéliens et Saoudiens pour redessiner les équilibres régionaux.

Au sein de l’administration Trump, le secrétaire d’Etat Rex Tillerson était l’un des rares à nuancer parfois le soutien à Ryad, évoquant "quelques inquiétudes" après la purge sans précédent menée par le prince héritier au nom de la lutte contre la corruption, ou encore haussant le ton face à l’Arabie saoudite dans la dispute l’opposant au Qatar. Mais il a été limogé mardi par le président américain.

afp

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