Le pape François au Mexique pour porter un message fort sur l’immigration

Le pape François part vendredi au Mexique, pays de transit pour les migrants du sud qui tentent de rejoindre l’eldorado américain, pour y porter un message fort, pour le respect de leurs droits menacés par les trafics et les groupes armés.

Après une rencontre historique de quelques heures à La Havane avec le patriarche russe orthodoxe de Moscou, ce séjour au Mexique s’annonce jalonné d’étapes hautement symboliques.

Jorge Bergoglio, 79 ans, lui-même descendant d’immigrés, place sa visite dans le deuxième pays le plus catholique au monde sous le signe de l’accueil des migrants et de la légalité, alors qu’il visitera quelques unes des régions les plus violentes du continent.

Se rendre au Mexique –visité déjà six fois par les papes entre 1998 et 2012– n’était pas une obligation pour le pontife argentin. Mais François, qui ne décide aucun de ses voyages au hasard, a choisi un pays qui condense tous ses thèmes sociaux prioritaires: l’accueil des migrants, le commerce illégal d’armes, le narcotrafic et la violence, la prostitution, la corruption, le mépris des droits des peuples indigènes et la destruction de l’environnement. Des réalités toutes très présentes au Mexique.

Lors de ses longs déplacements en papamobile, des millions seront sur les routes. "Je désire venir comme missionnaire de la miséricorde et de la paix (…) Je veux être le plus proche possible de vous, mais d’une façon spéciale de ceux qui souffrent", a affirmé le pape dans un message video envoyé lundi aux 120 millions de catholiques mexicains.

La partie officielle du voyage se concentrera sur le samedi. François s’entretiendra avec le président Enrique Pena Nieto et sera présenté à l’ensemble de la classe politique au palais présidentiel. Une première dans l’histoire d’une relation longtemps difficile entre l’Etat laïc mexicain et l’Eglise, qui s’est lentement pacifiée depuis la "Cristera" (rebellion catholique) des années 1926-29 contre la répression anticléricale.

Sa venue à la basilique de Notre Dame de Guadalupe, patronne des Amériques, sanctuaire dédié à la vierge Marie le plus visité dans le monde, sera, a-t-il confié, le moment central de son voyage.

Dans son videomessage, le pape confie vouloir "porter aux pieds (de la Vierge) tout ce qu’il porte dans le coeur". François s’est recueilli déjà deux fois dans sa vie devant la "Morenita" (Vierge brune), très révérée de tous les Mexicains.

A Tuxtla Gutierrez et à San Cristobal de Las Casas, dans le Chiapas défavorisé, il plaidera pour les droits des cultures indigènes et s’approchera de la frontière sud par laquelle affluent, à leurs risques et périls, des immigrants des différents pays latino-américains pour tenter de gagner les Etats-Unis.

Le moment le plus fort aura lieu le dernier jour: à Ciudad Juarez, à la frontière américaine, il visitera le pénitencier CeReSO et célèbrera la messe à côté du grillage près du Rio Grande, face à la ville texane d’El Paso. Une messe que pourront suivre les fidèles des deux côtés. Il rencontrera des victimes des gangs armés qui monnaient le passage de la frontière et enrôlent de force ceux qui ne peuvent pas payer. Il devrait aussi rendre hommage aux nombreuses femmes disparues dans la région.

En septembre devant le congrès des Etats-Unis, il s’était présenté "comme fils d’immigrés", et au-delà des Etats-Unis, le pontife argentin a souvent rappelé les Européens à leurs devoirs d’accueil des migrants, au moment où ils affluent aux portes de l’UE.

En 2014, "le pape François avait évoqué la possibilité d’entrer aux Etats-Unis par le Mexique pour attirer l’attention sur l’immigration", a rappelé le père Jean-Pierre Ruiz, de l’université St John de New York. Devant le Rio Grande, "il devrait prier pour les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont perdu la vie en essayant de franchir la frontière pour échapper à la violence, l’oppression politique et la pauvreté".

Cette étape devait avoir un impact dans la campagne électorale américaine, alors que certains candidats républicains utilisent une rhétorique anti-immigrés. Le milliardaire Donald trump a ainsi annoncé vouloir construire, s’il est élu, un mur le long de la frontière.

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