Après les évènements tragi-comiques qui ont transformé le camp de base des Bleus en (mauvais) théâtre de boulevard, cette dernière rencontre venait presque comme un cheveu sur la soupe pour un "groupe" qui n’avait plus grand chose à gagner, mais visiblement encore un peu à perdre. La victoire pour l’honneur n’est pas venue, le miracle d’une qualification encore moins, et la défaite semble presque normale, de circonstances. Après la fronde de ses joueurs, le sélectionneur, ou ce qu’il en reste, avaient choisi de laisser Evra, son capitaine, Malouda, Abidal et Govou au repos, pour lancer Cissé, Gignac, Gourcuff ou Squillaci. Mais puisque le rêve sud-africain ne fut qu’un cauchemar, il était presque prévisible de voir toutes les intentions françaises réduites à néant après vingt minutes de (petit) jeu.
C’était d’abord Hugo Lloris qui passait à côté de sa sortie sur un corner pour offrir à Khumalo l’ouverture du score (22e, 1-0). Puis après une nouvelle occasion pour Mphela, qui se jouait d’un Gallas complétement hors du coup, les tricolores se retrouvaient à dix : Gourcuff s’envolait pour disputer un duel de la tête, avec maladresse puisqu’il envoyait son coude dans le visage d’un adversaire… Rouge direct, sévère mais logique, et qui sonnait la fin du chemin de croix pour le malheureux meneur de jeu des Girondins. Heureux de recevoir, les Sud-Africains se faisaient une joie d’offrir un second but à leur public. Un dégagement raté d’Alou Diarra, un placement plus qu’approximatif de Gallas, et Mphela poussait le ballon et Clichy dans les filets d’un Lloris désabusé (2-0, 32e).
LE PREMIER PAYS HÔTE ÉLIMINÉ D’ENTRÉE
Malgré de nombreuses occasions, notamment grâce à un Mphela en verve et qui touchait le poteau à la 50e, les Sud-Africains finissaient par baisser le pied après la pause. Au point de laisser quelques miettes aux partenaires de Franck Ribéry. A la 58e minute, le Munichois oubliait Thierry Henry, à peine entré et qui espérait sans doute marquer son 52e but pour sa 123e sélection. A un quart d’heure de la fin, le suspense prenait fin pour les Bafana, lorsque Ribéry servait cette fois Malouda, seul au centre pour la réduction du score (2-1). Et le premier but français dans cette Coupe du monde. Au final, l’Afrique du Sud devient, malgré cette victoire méritée, le premier pays hôte à sortir en phase de poules. Quant aux Français, ils sortent dans le déshonneur, avec un bilan de 1 point et 1 but en trois matchs. Exactement le même que lors de l’Euro 2008…
Les Bleus sont éliminés, la Coupe du monde a perdu ses bouffons. Sans doute pour la première fois de l’histoire, le public et les joueurs vivent pour beaucoup cette sortie prématurée avec soulagement. "Au football, tout est compliqué par la présence de l’équipe adverse", expliquait Jean-Paul Sartre. Avec les Bleus, pas forcément besoin d’adversaire, ils ont prouvé qu’ils étaient capables de se saborder tout seul. A toutes les questions classiques qui se posent à une sélection pendant une Coupe du monde, les Bleus dans leur ensemble, du staff aux joueurs en passant par la FFF, ont apporté les mauvaises réponses pour aboutir au fiasco. La faillite du management a été totale, une page se tourne, ou plutôt se déchire.