La députée française Obono en esclave dans Valeurs Actuelles: condamnation politique unanime

 Représentation « abjecte et inacceptable », « apologie du racisme »: la « politique fiction » du magazine conservateur Valeurs Actuelles sur la députée (La France Insoumise), Danièle Obono, dépeinte en esclave, a suscité samedi une vague de condamnations, jusqu’au Premier ministre.

Dans ce récit de sept pages publié cette semaine, la députée de Paris, à la peau noire, « expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage » au XVIIIe siècle, selon la présentation qu’en fait le magazine. Des dessins de Mme Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce « roman de l’été ».

« Cette publication révoltante appelle une condamnation sans ambiguïté », a tweeté Jean Castex, qui « partage l’indignation de la députée » et « l’assure du soutien de l’ensemble du gouvernement ».

« La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages », a ajouté le chef du gouvernement.

« Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit », a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur le réseau social.

« On est libre d’écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis (aux) côtés » de la parlementaire, a écrit pour sa part le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

Réprouvant vivement un « cortège de haines, comme l’ont déjà expérimenté beaucoup de responsables politiques noirs ou d’origine maghrébine ces dernières années », l’association SOS Racisme a indiqué dans un communiqué étudier « les suites judiciaires envisageables ».

Dès vendredi, Mme Obono avait évoqué sur Twitter une « merde raciste dans un torchon ». « L’extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même », avait-elle ajouté. Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s’était élevé contre un « harcèlement nauséabond » envers la députée.

Mais, a répondu le magazine d’opinion par le même canal, « il s’agit d’une fiction mettant en scène les horreurs de l’esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle », « terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir ».

 

Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, a fait amende honorable: « On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danielle Obono soit choquée. On s’excuse auprès d’elle à titre personnel ».

« Si je l’avais en face de moi aujourd’hui, je lui dirais +pardon, je suis désolé de vous avoir blessée+ », a-t-il ajouté, assurant que son journal n’était « pas raciste ».

L’objectif était « de faire une fiction, certes complexe, certe tirée par les cheveux, peut-être mal venue, peut-être malaisante, mais jamais malveillante et jamais méchante », a-t-il affirmé.

Un responsable du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a condamné sur Twitter la publication, « d’un mauvais goût absolu »: « le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d’une élue de la République », selon lui.

Le président de l’Assemblée Richard Ferrand (LREM) a critiqué une « ignoble représentation d’une parlementaire ». « Tout mon soutien personnel et celui de l’Assemblée nationale face à ces abjections », a-t-il twitté, suivi par de nombreux députés de tous bords.

Depuis Malo-les Bains (Nord) lors de la journée d’été du PCF, son numéro un Fabien Roussel a ainsi épinglé un écrit « particulièrement scandaleux ».

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