L’Espagne retourne aux urnes dans un climat crispé

Les Espagnols retournent aux urnes dimanche pour la quatrième fois en quatre ans dans un climat alourdi par la crise catalane et la montée de l’extrême droite qui prétend la résoudre par la manière forte.

Six mois après les élections législatives d’avril qu’il avait remportées sans la majorité absolue, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez demande aux 37 millions électeurs de lui donner un mandat clair pour mettre un terme à l’instabilité politique que connaît l’Espagne depuis bientôt quatre ans.

Mais tous les sondages indiquent qu’ils ne le lui donneront pas et que, bien que vainqueur à nouveau du scrutin, il devra se contenter d’un gouvernement minoritaire et négocier des appuis au cas par cas pour adopter un budget ou faire voter des lois.

Les bureaux de vote ont ouvert à 09H00 (08H00 GMT) et fermeront à 20H00 (19H00 GMT). Les résultats sont attendus vers 22H00 (21H00 GMT).

D’après les enquêtes d’opinion, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) perdrait plusieurs de ses 123 sièges, les conservateurs du Parti Populaire se remettraient du pire résultat de leur histoire (66 sièges), et Vox, le parti d’extrême droite entré au parlement en avril avec 24 sièges, deviendrait la troisième force, avec plus de 40 députés.

Dans tous les cas, ni un bloc de gauche (PSOE, gauche radicale Podemos et sa liste dissidente Mas Pais) ni une alliance des droites (PP, VOX et les libéraux de Ciudadanos) n’atteindraient la majorité absolue de 176 sièges sur 350.

Torra au cachot !

Et pour Sanchez, une alliance avec des partis séparatistes catalans est devenue presque impossible à envisager depuis que des manifestations contre la condamnation à de longues peines de prison de neuf leaders de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017 ont dégénéré en violences.

La crainte d’une répétition de ces nuits d’affrontements, qui ont fait plus de 600 blessés, a mis les forces de l’ordre en état d’alerte et le scrutin se déroulera sous haute surveillance en Catalogne.

Le chef de Vox, Santiago Abascal, fait un tabac en demandant l’interdiction des partis séparatistes, la suspension de l’autonomie de la Catalogne et l’arrestation de son président indépendantiste Quim Torra.

Dans son dernier meeting de campagne, vendredi soir à Madrid, ses supporters scandaient "Torra a la mazmorra !" (Torra au cachot !).

Ramon Alejandro Fernandez, un étudiant de 20 ans, approuvait l’interdiction des partis séparatistes parce que "les choses ne peuvent pas se crisper plus qu’elles ne le sont déjà".

"J’ai toujours voté PP mais vu la situation, je crois qu’il faut employer la manière forte" avec la Catalogne et l’immigration, a renchéri sa mère, Ana Escobedo.

Car Vox mène aussi campagne contre l’immigration, établissant un lien entre l’arrivée de migrants africains et une prétendue hausse de la criminalité en Espagne.

"Tenir tête au franquisme"

Pedro Sanchez tente de mobiliser l’électorat de gauche contre la montée de Vox, qu’il présente comme un retour du franquisme, en dénonçant la droite qui n’a pas hésité à s’allier avec le nouveau parti pour prendre le contrôle de l’Andalousie, la région plus peuplée d’Espagne, de la région de Madrid, la plus riche, et de la mairie de la capitale.

"L’Espagne a besoin d’un gouvernement progressiste, pour tenir tête au franquisme, aux extrémistes et aux radicaux", a-t-il répété sans relâche.

Le Premier ministre ne cache pas qu’il préfère gouverner seul en minorité plutôt que de tenter de s’entendre avec Podemos.

Il répète que les autres partis devraient laisser gouverner celui qui arrive en tête, en s’abstenant lors du vote de confiance de la chambre.

Jusqu’à présent, le Parti Populaire exclut de s’abstenir. Mais la plupart des analystes s’attendent à ce qu’il finisse in extremis par le faire, pour éviter la colère des électeurs.

Pour José Ignacio Torreblanca, du European Council on Foreign Relations, Sanchez projette d’obtenir "l’abstention de tous à la dernière minute, au risque de nous pousser au bord de l’infarctus".

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