Gaza et Israël au-devant d’un anniversaire à haut risque

Mobilisation pacifique ou prélude à l’escalade ? Gaza et Israël vont au-devant d’une situation à haut risque samedi, jour où les Palestiniens sont appelés à manifester en masse le long de la frontière.

Des dizaines de milliers de Palestiniens devraient se rassembler en différents points le long de la barrière, lourdement gardée par l’armée israélienne et qui enferme la bande de Gaza.

Il s’agit de marquer le premier anniversaire des "Marches du retour", mobilisation qui a fortement contribué à de vives tensions depuis le 30 mars 2018.

Les organisateurs de la manifestation ont appelé à délaisser toute autre activité samedi et à manifester pacifiquement. Ismaïl Haniyeh, chef du mouvement islamiste Hamas au pouvoir depuis 2007 dans l’enclave coincée entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée, parle de "manifestation d’un million" de personnes.

L’une des grandes questions est de savoir si le Hamas s’efforcera ou non de contenir la manifestation et de maintenir les participants à distance des tirs israéliens, le mouvement ayant fait auparavant la démonstration qu’il contrôlait l’intensité de la flamme en fonction des circonstances.

Son chef a confirmé vendredi que des pourparlers étaient en cours sous l’égide de l’Egypte, intermédiaire traditionnel entre le Hamas et Israël, pour tenter d’éviter des violences.

Le Hamas "s’efforce d’alléger la situation à Gaza par le biais d’accords sérieux négociés par l’Egypte avec l’occupation israélienne", portant notamment sur un cessez-le-feu, une aide humanitaire accrue et une amélioration de la situation économique à Gaza, a indiqué M. Haniyeh dans un communiqué.

L’ONU a appelé à éviter une effusion de sang samedi.

Sous pression

Le Hamas cherche un allègement du blocus israélien qui depuis plus de dix ans étouffe la bande de Gaza éprouvée par les guerres et la pauvreté. Israël justifie le blocus par la nécessité de contenir le mouvement islamiste qui refuse son existence et auquel il a fait trois fois la guerre depuis 2007.

Après une nouvelle année de tensions et de violences, Israël cherche un retour au calme, a fortiori avant les législatives du 9 avril.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a multiplié les mises en garde au cours d’une semaine qui a vu un énième accès de fièvre entre les deux camps.

Il a prévenu que son pays était prêt à mener une opération "d’envergure", mais souligné qu’il épuiserait d’abord "toutes les autres possibilités", paraissant laisser leur chance aux Egyptiens.

Le Hamas et M. Netanyahu sont sous pression.

Le premier a fait face récemment à des manifestations contre le profond marasme économique, la hausse des prix et des taxes. Il les a sévèrement réprimées.

Le second, confronté à une dangereuse concurrence aux élections, est accusé par ses adversaires de faiblesse face au Hamas.

Selon un sondage publié vendredi, 63 % des Israéliens ne sont pas satisfaits de l’attitude de M. Netanyahu vis-à-vis du Hamas.

"Journée de la terre"

A la veille des manifestations, le coordinateur de l’ONU pour les affaires humanitaires dans les Territoires palestiniens, Jamie McGoldrick, a estimé que "la priorité est de préserver les vies et chacun doit agir en ce sens".

"Tous les signaux et signes donnent à penser que la situation ne sera pas très violente", a-t-il déclaré à l’AFP, se disant "assez confiant" à propos des manifestations prévues samedi.

"Évidemment, cela peut changer avec un incident, un accident ou un problème technique", a-t-il ajouté.

Palestiniens et défenseurs des droits humains accusent Israël d’usage excessif de la force. Israël dit ne faire que défendre sa frontière.

Dans un communiqué, l’armée israélienne a indiqué vendredi continuer "à se préparer à de possibles escalades avec une grande variété de plans opérationnels et est prête à une grande variété d’événements".

Le communiqué indique que les troupes stationnées dans le secteur de la bande de Gaza ont été renforcées, sans donner davantage de détails.

Depuis le 30 mars 2018, des milliers de Gazaouis participent toutes les semaines aux manifestations, souvent accompagnées de violences. Ils réclament, outre la levée du blocus, le droit de revenir sur les terres qu’eux-mêmes ou leurs parents ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948.

Au moins 258 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens, la grande majorité le long de la frontière, depuis cette date. Deux soldats israéliens ont été tués.

La protestation a culminé le 14 mai 2018 avec la mort d’un moins 62 Palestiniens sous les balles israéliennes à Gaza, le jour de l’inauguration de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.

Ailleurs dans les Territoires palestiniens et en Israël même, Palestiniens et Arabes israéliens sont appelés samedi à prendre part à la "Journée de la terre", hommage annuel à six Arabes israéliens tués en 1976 lors de manifestations contre la confiscation de terres par Israël.

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