« On a affaire à un président de la République, parce que c’est lui qui est au cœur de tout ça, qui veut par ego surdimensionné montrer que lui, il est capable de faire passer une réforme. Quel que soit l’avis de l’opinion publique, quel que soit l’avis des citoyens et c’est dangereux de raisonner comme ça », a déclaré Philippe Martinez sur RTL.
« Le président de la République joue avec le feu », a affirmé le patron de la puissante centrale syndicale, appelant l’exécutif et les députés qui ont commencé lundi l’examen du texte à l’Assemblée nationale à « écouter le peuple » au risque d’aller au-devant de « déconvenues démocratiques », notamment avec le risque que le RN « prenne l’Elysée » en 2027.
Cette nouvelle journée de contestation intervient après celles du 19 et du 31 janvier. Lors de la deuxième journée de mobilisation et de grèves contre cette réforme, la police a chiffré à quelque 1,27 million de manifestants, dont 87.000 à Paris, alors que les syndicats ont avancé des chiffres beaucoup plus importants avec au moins 2,5 millions de personnes dans la rue (500.000 dans la capitale).
Alors que les cortèges des manifestants se sont élancés dans plusieurs villes dans la matinée, la manifestation dans la capitale Paris débutera vers 14h00.
Pour leur troisième mobilisation, les huit principaux syndicats du pays appellent à amplifier la grève contre ce projet, qui lors de son examen à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale la semaine dernière a fait l’objet de plus de 20.000 propositions d’amendements présentées par les oppositions.
Pour l’examen en séance publique, l’alliance de gauche, la NUPES, a déposé à elle seule près de 18.000 amendements, selon les médias. Accusée d’obstruction par le gouvernement, la NUPES n’entend pas dévier de sa stratégie pour empêcher l’exécutif de valider son projet.
L’intersyndicale demande le retrait du projet de réforme de retraites qui stipule entre autres le report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite et la suppression des 42 régimes spéciaux.
Forts du succès de leurs précédentes mobilisations, les centrales syndicales entendent augmenter les pressions sur le gouvernement pour le pousser au retrait de son projet controversé.
L’exécutif, privé de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale, enchaîne les rencontres avec les différents partis représentés à l’hémicycle, notamment la droite, pour les convaincre de rallier son projet.
Au parlement, les députés auront deux semaines de débats âpres, avant de transférer le projet au Sénat. Les débats ont débuté ce lundi à l’Assemblée par une motion référendaire du Rassemblement national (RN) qui a été rejetée.
En cas de difficultés, le gouvernement pourrait faire recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui lui permettrait de faire adopter ce texte sans le vote des parlementaires, à l’instar d’autres projets précédents. Toutefois, cette option, pour l’instant, n’est pas envisagée par le gouvernement d’Elisabeth Borne.