Visite de Macron au Maroc retardée à fin février-début mars
Alors que le choc footballistique France/Maroc est attendu ce soir avec ferveur des deux côtés de la Méditerranée, la visite que le président Macron devrait effectuer au Maroc en janvier serait retardée à fin février-début mars, apprend mercredi Atlasinfo de sources françaises.
Si Paris avait confirmé cette visite via différentes sources, les autorités marocains n’avaient en revanche ni validé, ni démenti l’information qui s’est répandue comme une trainée de poudre.
Ce silence des autorités marocaines présagerait que les préparatifs et le cadre politique de cette visite ne sont pas encore définitivement arrêtés.
Le report de la visite de Macron au Maroc devrait laisser le temps aux deux parties d’approfondir les discussions et les attentes des uns et des autres pour trouver la meilleure sortie à une crise très tendue qui dure depuis des mois entre les deux pays.
La visite le 16 décembre au Maroc de la cheffe de la diplomatie française, Mme Catherine Colonna, doit servir d’occasion pour un dialogue franc et transparent afin d’arrêter le cadre politique de cette visite.
Selon nos informations, le Maroc a déjà donné son accord à la proposition de Christophe Lecourtier comme nouvel ambassadeur de France au Maroc. Un bon signe. Le poste de son homologue marocain en France est par contre toujours vacant depuis la nomination de Mohammed Benchaaboun à la tête du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.
Crise glaciale et mutique
Depuis des mois, les relations entre Rabat et Paris traversent une crise glaciale et mutique. De hautes personnalités françaises ont même fait entendre jusqu’à l’Elysée leur agacement et leur grande incompréhension face à la grave détérioration des relations franco-marocaines et à leurs conséquences.
Le 1er novembre dernier, on apprend que le Roi du Maroc Mohammed VI et le président Macron s’étaient parlés au téléphone pendant une demi-heure. Pour les nombreux observateurs, cette conversation annonçait un dégel et une future visite de Macron au Maroc.
En effet, la relation franco-marocaine traverse depuis un moment une séquence vivement tendue où le mécontentement et l’incompréhension sont de mise. Évoquant une affaire de laisser-passer consulaire pour reconduire au Maroc les sans-papiers marocains, la France a pris la lourde décision de diminuer de moitié le volume de visas accordés aux Marocains. Ses services consulaires ont même refusé le fameux sésame pour l’espace Schengen à des personnalités de l’élite politique, culturelle, économique, académique du Maroc. Comme si le refus en soi était destiné à provoquer le maximum de bruit et refléter la stratégie de sanction et de l’affront à l’égard des Marocains.
Repenser la relation Maroc/France
La visite de Macron au Maroc posera la problématique des visas. Dans cette affaire, la France, sa culture et son influence ont beaucoup à perdre. Un mouvement a d’ailleurs été lancé pour un boycott du français en faveur de l’anglais et des familles envoient désormais leurs progénitures poursuivre leurs études au Canada, les Etats-Unis ou l’Angleterre.
Lors de cette visite, il s’agira aussi pour la France de fournir une réponse à une demande formulée par les Marocains concernant la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur son Sahara. Rabat avait sommé Paris de sortir de la zone grise et de reconnaître publiquement la marocainité du Sahara. La France se contente jusqu’à présent de soutenir l’option de l’autonomie comme une solution crédible pour trouver une solution à cette discorde régionale.
Une grande explication entre Paris et Rabat est également très attendue. On prête à la diplomatie française un excès de mauvaise humeur à l’égard de deux grands choix politiques et stratégiques du Royaume du Maroc dans la récente période : le premier est la signature d’un traité tripartite entre le Maroc, les États-Unis d’Amérique et Israël et qui aurait provoqué des aigreurs au sein du sérail français. Le second serait lié à l’activisme marocain politique et économique du Maroc sur la scène africaine, notamment la partie francophone considérée traditionnellement comme la chasse gardée de la France et de ses entreprises.
Entre le Maroc et la France, il s’agit de procéder à une reconfiguration de leur partenariat stratégique en le relançant sur de nouvelles bases qui soient compatibles avec les intérêts des deux pays.