Tunisie: le niqab en marche vers les lycées

On ne parle d’un fléau que lorsqu’il provoque de nombreux dégâts et qu’il est sans doute trop tard pour réagir. Ne faut- il pas étouffer le mal dans l’œuf ?

Dans un lycée de la délégation de la Manouba, le nouveau directeur (un barbu) , qui se trouve être aussi un imam règne en maître tout-puissant sur son institution. Citons quelques faits pour situer le personnage : par exemple, quand il doit réunir les professeurs pour une réunion de département, il ne convoque que les femmes voilées et pas les «safirats ». Un jour il a décidé aussi de retirer les interrupteurs de toutes les salles de classe pour faire des économies, et contribuer ainsi à lutter contre la crise économique que traverse notre pays. Quel ne fut alors sa fureur de voir les profs regarder la télévision dans la salle des profs en attendant l’heure de leur conseil de classe. Sacrilège. Il y a plus grave.

Dans ce lycée, deux élèves ont décidé un beau jour de porter le Niquab et ce avant l’allocution d’investiture de notre cher président de la république dont je qualifierai les propos avec tout le respect que je lui dois,« d’inconscients». Ces jeunes filles ont donc été priées par l’administration et leurs professeurs de se dévoiler le visage ou de rester chez elles .Elles ont bien sûr choisi la deuxième option. Donc après le fameux discours présidentiel, ledit directeur s’est empressé de convoquer des amies de ces deux élèves , amies qu’il est allé lui-même chercher dans leur salle de classe pour leur demander d’avertir nos deux niquabées que la voie est enfin libre. Voici donc les deux fantômes de retour au lycée avec la bénédiction du maître des lieux.

Quant aux professeurs qui ont refusé l’entrée de leur classe à ces filles, ils ont été sommés par le directeur, furieux, de rédiger une lettre expliquant leur geste, lettre qui sera envoyée au ministère. Serait-ce une façon de les menacer et de les faire changer d’avis ?

Ce directeur ne voit-il pas plus loin que « sa barbe » ? Ne voit-il pas qu’il ouvre une brèche à une déferlante ? Mais peut-être est-ce le but ?

Doit-on attendre que la mésaventure de Mm Amel Jaidi, chef du département d’anglais et membre du conseil scientifique de la Faculté des lettres de La Manouba « qui a été agressée verbalement par une étudiante portant le niquab, se reproduise. Un des étudiants a même menacé Mm Jaidi de mort. » Faut-il donc qu’il y ait mort d’homme pour réagir ?

Doit-on risquer de compromettre une année scolaire en laissant cette « secte » agir à sa guise ? Comment expliquer le silence des ministères de l’enseignement ? Ne dit –on pas, qui ne dit mot consent ?

Que feront ces messieurs du ministère derrière leurs tout nouveaux bureaux, quand ils verront des filles en niquab se présenter pour passer le bac? Viendront-ils alors remplacer les professeurs pour vérifier les identités, et tout ce qui pourrait être caché sous leur voile sacré ?

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