Quatre responsables du site basé à Hong Kong, dont son fondateur, Kim Dotcom, 37 ans, ont été interpellés à Auckland (Nouvelle-Zélande) sur la base de mandats d’arrêt délivrés par les Etats-Unis.
Le FBI (police fédérale américaine) et le ministère de la Justice américain ont estimé, dans un communiqué commun, qu’il s’agissait de l’une des plus "grandes affaires de violation de droits d’auteur jamais traitées aux Etats-Unis".
La justice néo-zélandaise s’est prononcée contre la mise en liberté sous caution des quatre responsables du site. La police néo-zélandaise indique avoir effectué des perquisitions dans dix endroits d’Auckland, dont la vaste demeure de Kim Dotcom, appelée "Dotcom Mansion".
Les policiers ont saisi plusieurs voitures de luxe, dont une Cadillac rose de 1959 et une Rolls Royce Phantom, ainsi qu’"une arme à feu qui avait l’apparence d’une arme à canon scié". Quelque 11 millions de dollars néo-zélandais (6,83 millions d’euros) ont été gelés sur des comptes bancaires.
Selon l’inspecteur Grant Wormald, le créateur de Megaupload.com a tenté de se réfugier dans une chambre forte lorsque la police est arrivée.
"Mr Dotcom est rentré dans sa maison et a activé plusiers mécanismes de fermeture électronique", a-t-il dit. "Une fois ces codes neutralisés par la police, il s’est barricadé dans une chambre forte (…), et lorsque la police est parvenue à y pénétrer ils ont trouvé Mr Dotcom prés d’une arme qui avait l’apparence d’un fusil de chasse à canon scié". "Ca a été plus compliqué que de frapper à la porte", a résumé l’inspecteur.
Les quatre hommes arrêtés –Dotcom, le Néerlandais Bram van der Kolk et les Allemands Finn Batato et Mathias Ortmann– doivent comparaître lundi devant la justice. Les Etats-Unis réclament leur extradition.
Le site Megaupload.com permettait d’héberger des fichiers et de les partager sur internet. Dans les faits, il offrait des milliers de films, séries, émissions de télévision ou chansons en libre accès, par téléchargement direct ou streaming.
La fermeture du site a été suivie de représailles du collectif de pirates Anonymous, qui a annoncé sur Twitter avoir mis hors service les sites du FBI, du ministère de la Justice américain, de la maison de disque Universal Music et de l’association professionnelle du disque RIAA.
La fermeture de Megaupload.com a en revanche été saluée par Nicolas Sarkozy.
Le chef de l’Etat français a souligné "que la lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des oeuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création", selon un communiqué de l’Elysée.
Outre le site-mère, une vingtaine de noms de domaine affiliés à Megaupload.com ont été fermés par la justice américaine, qui a également saisi 50 millions de dollars d’avoirs et lancé des poursuites contre sept responsables du site, dont les quatre personnes arrêtées en Nouvelle-Zélande.
Ces sept personnes sont "responsables d’un piratage considérable sur internet de nombreux types de contenus protégés par les droits d’auteur à travers Megaupload.com et d’autres sites", affirment les autorités américaines.Elles sont ainsi accusées d’avoir tiré de leurs forfaits quelque 175 millions de dollars de profit et entraîné "plus d’un demi-milliard de dollars de perte pour les ayant-droits", en offrant sur leur site des produits piratés, poursuivent les autorités américaines.
Megaupload Ltd, et une autre entreprise liée à l’affaire, Vestor Ltd, ont en outre été inculpées par une Chambre d’accusation de Virginie (est) de violations de droits d’auteur, mais aussi d’association de malfaiteurs en vue de commettre racket et blanchiment d’argent, des infractions passibles de 20 ans de prison.
Fort de son succès sur internet, le site avait réussi à attirer les stars d’Hollywood, et la presse américaine rapportait que Swizz Beatz, un producteur de musique marié à la chanteuse Alicia Keys, en était devenu le patron.
L’annonce de la fermeture de Megaupload.com intervient en pleine polémique aux Etats-Unis sur des projets de loi antipiratage, qui ont poussé Wikipédia à fermer l’accès à ses services en anglais mercredi et Google à masquer son logo.