Syrie : les divergences de Hollande et Poutine

Syrie : les divergences de Hollande et Poutine
François Hollande et Vladimir Poutine ont montré leurs divergences sur la résolution du conflit en Syrie, notamment sur l’implication du régime de Bachar el-Assad dans le processus, et sur la mise en oeuvre de sanctions, vendredi soir lors d’une conférence de presse conjointe à l’Elysée.

Après une réunion et un dîner de travail, le président français a souligné son seul point d’accord avec son homologue russe: le constat d’un "risque de guerre civile" en Syrie, et la volonté de trouver une "solution politique" au conflit.

Pour le reste, visiblement distants à l’issue de leur première rencontre, les deux chefs d’Etat n’ont pas caché leurs divergences.

"Là où nous pouvons avoir des analyses différentes, c’est sur les responsabilités et sur le départ de Bachar el-Assad, que je considère être un préalable pour la transition politique", a affirmé François Hollande.

Le régime syrien "s’est conduit de manière inacceptable, intolérable et a commis des actes qui le disqualifient", a-t-il estimé. "Il n’y aura de sortie possible de cette situation qu’avec le départ de Bachar el-Assad", a-t-il affirmé.

Pour obtenir un "résultat", "il doit y avoir des sanctions, il doit y avoir des pressions", a-t-il insisté.

Vladimir Poutine a au contraire souligné sa volonté d’impliquer le régime syrien dans le processus, se fixant pour objectif de "réconcilier toutes les parties en conflit".

"S’agissant de M. Assad, je peux vous dire qu’il a visité beaucoup plus souvent Paris que Moscou, donc regardons ce problème sou cet angle là aussi", a lancé le président russe en forme de provocation.

Ce à quoi François Hollande a rétorqué: "Sur les visites du président Assad -père et fils-, je n’ai aucune responsabilité. C’est un autre temps, d’autres époques".

Hafez el-Assad, l’ancien dirigeant syrien décédé en 2000, a été reçu une fois à Paris par Jacques Chirac, le 16 juillet 1998. Mais il s’est aussi rendu une fois à Moscou, en juillet 1999.

Son fils, Bachar el-Assad, est venu deux fois à Paris, le 14 juillet 2008 -il a assisté au défilé sur les Champs-Elysées- puis le 13 novembre 2009. Il s’est rendu trois fois à Moscou, en janvier 2005, en décembre 2006 et en août 2008.

"Lorsque j’entends que la Russie a des intérêts spécifique dans ce pays, je peux vous dire que c’est une erreur totale", a affirmé Vladimir Poutine. "Nous n’avons pas beaucoup de commerce. Nous n’avons pas beaucoup de coopération militaire avec la Syrie".

Le président russe a aussi critiqué la façon dont les bilans des victimes sont présentés en France. Evoquant "la tragédie qui a frappé dans un village", "14 ou 15 personnes" ont été "assassinées" par le régime syrien, a-t-il relaté. "Mais combien de civils ont péris des mains des autres, des mains des rebelles (…) est-ce que vous avez compté ces pertes? C’est centaines de personnes", a-t-il ajouté.

Sur les sanctions, Vladimir Poutine s’est une nouvelle fois montré en désaccord manifeste avec le président français. "Les questions de ce genre doivent être débattues d’abord au conseil de sécurité des Nations-unies", a-t-il affirmé, mettant en doute l’efficacité de sanctions. "L’essentiel (…) c’est d’éviter que la situation évolue selon le pire des scénarios et éviter la guerre civile", par le biais de "moyens politiques", a-t-il souhaité.

Et de citer l’Irak et la Libye: "est-ce que ces pays ont plus de sécurité, vers quoi évolueront-ils? Est-ce que vous avez une réponse? non", a-t-il observé. La Russie fait blocage sur la question syrienne au conseil de sécurité des Nations unies, où elle dispose d’un droit de veto.

Vladimir Poutine a précisé avoir invité François Hollande à Moscou.

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