Salvador: Nayib Bukele, jeune président qui enterre l’alternance droite-gauche
Nayib Bukele, ancien maire de San Salvador sous l’étiquette du parti de gauche FMLN (ex-guérilla), a été élu dimanche à l’âge de 37 ans à la présidence en promettant d’en finir avec le bipartisme droite-gauche qui durait depuis la fin de la guerre civile en 1992.
Nayib Bukele était en lice sous la bannière du petit parti conservateur Grande alliance pour l’unité nationale (Gana) qui l’a accueilli après son expulsion du FMLN. Et il n’a jamais lâché la place de favori, dans tous les sondages de la campagne électorale.
Surnommé "l’hirondelle", emblème de son parti, ce fils d’un notable de la communauté arabe, d’origine palestinienne, est devenu l’enfant terrible de la politique salvadorienne.
Il ne craint pas les virages sur l’aile, après un flirt long et poussé avec le parti de gauche, qui était au pouvoir depuis une dizaine d’années. Sa famille était liée à la guérilla et a même caché certains de ses dirigeants clandestins pendant la guerre civile.
La paix revenue, et le FMLN intégré au jeu démocratique, Nayib Bukele est élu en 2012 sous la bannière du parti de gauche à la mairie de Nuevo Cuscatlan, en banlieue de San Salvador.
Trois ans plus tard, sous la même étiquette, il devient maire de la capitale, de 2015 à 2018. Il est pourtant exclu du FMLN en 2017, après une altercation avec une conseillère municipale. Selon nombre d’observateurs, le parti a saisi un prétexte pour écarter ce trublion qui faisait trop d’ombre à la vieille garde.
La rénovation du centre historique de la capitale et sa sécurisation lui ont gagné le coeur de la jeunesse salvadorienne, qui apprécie de pouvoir déambuler désormais les soirs de week-end dans les rues et sur les places autour de la cathédrale dans une ambiance décontractée.
Bousculant les codes traditionnels, il n’a pas hésité à partager les jeux des jeunes Salvadoriens, comme le paint-ball ou les sports extrêmes. Et il a fait une campagne efficace sur les réseaux sociaux.
Il a pris pour cible la corruption des deux partis qui dominent la vie politique salvadorienne depuis près de 30 ans, et proclamé qu’"il y a assez d’argent" pour tout les Salvadoriens "quand personne ne vole".
"Nous n’allons pas permettre que nous gouvernent toujours les mêmes. Nous allons écrire l’Histoire", promettait-il.
Pour tenir son pari il lui faut encore conclure un accord de gouvernement avec la majorité parlementaire de l’Arena, et rompre avec la double malédiction de la violence des gangs criminels et de la misère qui poussent des milliers de Salvadoriens à fuir leur pays.