Rohingyas: Kofi Annan chahuté par les nationalistes boudhistes en Birmanie

Des centaines de bouddhistes nationalistes ont manifesté mardi en Birmanie contre Kofi Annan, qui vient d’entamer une première visite dans l’ouest du pays, où Aung San Suu Kyi l’a chargé de trouver une solution au drame de la minorité musulmane des Rohingyas.

"Pas de comité dirigé par Kofi", "Non à l’intervention biaisée d’étrangers dans les affaires de l’Etat Rakhine", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants venus crier leur hostilité à l’ancien secrétaire général de l’ONU dès sa descente d’avion.

Ils ont ensuite suivi M. Annan, tout juste désigné par le nouveau gouvernement birman à la tête d’un comité chargé du dossier, de l’aéroport de Sittwe, la capitale régionale de l’Etat Rakhine, à la mairie.

Même si nombre des Rohingyas sont présents sur le territoire birman depuis des décennies, ils restent considérés comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin.

Les Rohingyas, qui comptent près d’un million de personnes, vivent essentiellement en Etat Rakhine. Mais depuis des violences meurtrières en 2012, plusieurs dizaines de milliers d’entre eux n’ont pas pu retourner dans leurs villages et s’entassent dans des camps de fortune.

"Nous voulons qu’il vienne. S’il vient, il soulèvera la question de notre citoyenneté et nos souffrances dans ces camps de déplacés depuis quatre ans", a déclaré à l’AFP Hla Kyaw, Rohingya vivant dans le camp de réfugiés de Chaung.

Kofi Annan doit se rendre dans l’après-midi dans ces camps, mais loin des caméras des journalistes.

Privés de papiers d’identité, les Rohingyas n’ont pas accès aux hôpitaux, aux écoles et au marché du travail. Et même sortir des camps nécessite de montrer des laisser-passer.

"Cette première visite me donne l’opportunité d’écouter et d’apprendre de vous", a lancé Kofi Annan lors d’une rencontre avec des ONG locales à la mairie de Sittwe.

Cependant, la formation politique la plus puissante de la région, le Parti national arakanais, a exclu toute rencontre avec Kofi Annan, rejetant le fait que des étrangers fassent partie de ce comité.

Il s’est diplomatiquement dit conscient des "peurs et des doutes" suscités par sa mission, inédite. Kofi s’est aussi abstenu d’employer le mot "rohingya", rejeté par les nationalistes bouddhistes.

Son successeur au poste de secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, en visite la semaine dernière en Birmanie, n’avait pas hésité à l’employer, appelant le gouvernement à accorder la citoyenneté aux centaines de milliers de Rohingyas du pays.

Kofi Annan avait rencontré la veille Aung San Suu Kyi à Rangoun, la capitale économique birmane. La Prix Nobel de la paix, dont le gouvernement est aux manettes depuis quelques mois, est critiquée sur la scène internationale pour son silence quant au sort des Rohingyas.

Mais lundi, lors de sa rencontre avec Kofi Annan, elle a affirmé: "Nous ne pouvons pas ignorer les problèmes".

Les nationalistes bouddhistes, très influents en Birmanie, voient dans la reconnaissance de la minorité musulmane une menace à l’identité majoritairement bouddhiste du pays.

(Avec AFP)

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