Merkel espionnée, Merkel ridiculisée, juge la presse allemande

La presse allemande estimait que les informations sur un possible espionnage du téléphone portable d’Angela Merkel par les États-Unis était un camouflet pour la chancelière, qui s’était montrée compréhensive depuis que les révélations sur la NSA ont débuté.

Les journaux bouclant tôt en Allemagne, l’affaire était traitée généralement de manière factuelle et relativement réduite.

Mais certains titres s’indignaient, comme le Tagesspiegel pour lequel "l’étendue de la surveillance exercée sur les ses propres citoyens et ceux d’autres pays (par les Etats-Unis) reste monstrueuse".

Le gouvernement américain a "réagi de façon offensive (en disant) tout est normal, tout est nécessaire, tout est utile, tout est connu, tout est légal. L’Allemagne a essayé jusqu’ici d’être plus défensive (et) Merkel s’est ridiculisée", a poursuivi le quotidien Berlinois de centre gauche.

Lors d’une interview télévisée estivale la chancelière s’était en effet dit certaine de ne pas être espionnée par les services américains.

Alors que les premières révélations de l’ancien consultant de la NSA, Edward Snowden, datent de juin, "il n’y a toujours pas de consensus sur la signification de toutes ces informations, pas d’unanimité pour dire s’il s’agit vraiment d’un problème ou pas", a-t-il encore regretté.

Pour le journal conservateur Die Welt, les États-Unis ont trahi leur meilleure alliée sur ce dossier.

"Angela Merkel avait rendu service en se montrant si mesurée et si accommodante (en répétant que) l’Allemagne avait besoin de la coopération avec les Américains et les informations des services secrets américains avaient permis d’éviter des attentats. Même Washington n’aurait pu mieux dire", a rappelé le quotidien dans son édition en ligne.

"Et c’est justement cette avocate zélée qui a maintenant des preuves convaincantes que son portable personnel a été écouté", a-t-il souligné.

Pour Die Welt, "inacceptable", terme récurrent dans la bouche des responsables politiques allemand, est le mot "où se rejoignent l’indignation et l’impuissance".

Le journal de centre gauche Süddeutsche Zeitung a quant à lui rappelé que les Européens n’avaient probablement pas de leçons à donner aux Américains sur ce sujet.

"Qui ira dire aux Américains, les yeux dans les yeux: +ce n’est pas vrai que nous faisons la même chose+ ?", demandait-il rhétoriquement.

Le SZ a également approuvé la décision du Parlement européen mercredi de suspendre un accord UE-États Unis sur le transfert de données bancaires, en réaction aux révélations sur l’espionnage de la NSA.

"Les Traités ne sont utiles que si les parties peuvent avoir confiance dans ce qui a été promis. Dans le cas du traité Swift, cela n’a manifestement pas été le cas", a-t-il jugé.

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