Macron à Mulhouse pour s’engager contre « le séparatisme islamiste »

Emmanuel Macron a affirmé mardi la détermination de la République à lutter contre le « séparatisme islamiste » mais aussi « les discriminations », en arrivant à Mulhouse pour annoncer de premières mesures sur ce dossier politiquement sensible à l’approche des élections municipales.

« La République doit tenir ses promesses », a déclaré le chef de l’Etat aux habitants qui l’ont accueilli à la mi-journée à Bourtzwiller, un quartier sensible de la grande ville du Haut-Rhin. « On doit lutter contre le séparatisme parce que quand la République ne tient pas ses promesses, d’autres essaient de la remplacer », a-t-il ajouté.

« On doit lutter contre les discriminations, on doit mettre la méritocratie partout », a insisté M. Macron, interpellé par de nombreux habitants lors d’un bain de foule.

« Nous sommes ici pour une ambition que nous portons avec les musulmans, qui est de lutter contre le communautarisme », a souligné de son côté le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, arrivé avant le président pour saluer les policiers du commissariat où Emmanuel Macron va déjeuner avec les forces de l’ordre.

Cette « visite de terrain » est la première étape d’une séquence qui s’étendra au delà des élections municipales des 15 et 22 mars, durant laquelle le chef de l’Etat détaillera la stratégie du gouvernement contre la radicalisation et l’islam politique.

Depuis le début du quinquennat, les oppositions de droite pressent Emmanuel Macron d’affirmer sa politique sur ce sujet, le taxant de laxisme. Le débat s’est encore durci ces derniers mois, alimenté par de vives polémiques sur la présence de listes communautaristes aux municipales ou sur le port du voile par une mère accompagnant une sortie scolaire.

« Emmanuel Macron va faire ce qu’il fait de mieux depuis trois ans: il va faire un discours, mais où sont ses actes? », dénonce le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau. Le numéro 2 de LR Guillaume Peltier appelle à « des actes forts et clairs parce que nous sommes en train de perdre la guerre contre l’islam politique ».

Le porte-parole du RN Sébastien Chenu fustige pour sa part des « grosses ficelles complètement ringardes qui sont, juste avant les élections, d’allumer les sujets qui fâchent dans le pays et qui ne seront surtout pas traités ».

– « Reconquête républicaine » –

Peuplé de plus de 15.000 habitants, Bourtzwiller a été choisi pour cette visite parce qu’il a « de vraies difficultés », a indiqué Emmanuel Macron, en citant la présence d' »associations qui prônaient de sortir de la République », « la déscolarisation, des influences extérieures »…

Il est l’un des 47 « Quartiers de reconquête républicaine » (QRR) de France, un dispositif créé en 2018 pour lutter contre la délinquance et les trafics. Avec le récent renforcement du nombre de policiers, porté à 22 contre 7 auparavant, « l’atmosphère est plus apaisée » et les habitants « ont plus confiance » dans les forces de l’ordre, a souligné le brigadier-chef Bouizy Fathia.

Bourtzwiller est aussi l’un des 17 territoires de lutte contre la radicalisation, définis depuis quelques mois, où sont mises en place des cellules contre l’islamisme et le repli communautaire (Clir) dont le chef de l’Etat souhaite renforcer l’action.

Accompagné de plusieurs membres du gouvernement, dont Laurent Nuñez (Intérieur), Julien de Normandie (Ville et Logement), Gabriel Attal (Jeunesse) et Roxana Maracineanu (Sports) – Emmanuel Macron s’exprimera en fin d’après-midi sur le financement des lieux de culte, notamment depuis l’étranger, la scolarisation d’enfants dans des écoles hors-contrat et la structuration de l’islam de France.

Pourrait ainsi être évoqué le dossier de l’immense mosquée An-Nour en cours de construction à Mulhouse grâce en large partie à des financements d’une ONG du Qatar.

Emmanuel Macron consacrera la seconde partie de son déplacement au volet « positif » de sa stratégie, à savoir la « reconquête républicaine » des quartiers basée sur des services publics plus présents et efficaces et sur le réseau associatif. Au cours d’une table-ronde, il échangera ainsi avec des associations sociales, cultuelles ou culturelles – comme l’atelier du cirque Zavatta, les Mamans citoyennes ou l’association d’insertion Base – avant de rencontrer des responsables sportifs.

Le chef de l’Etat ne devrait en revanche pas s’aventurer sur les dossiers très sensibles de la laïcité et du port du voile ou sur une réforme de l’organisation de l’islam de France, actuellement à l’étude.

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