Le Qatar, sponsor de la démocratie de salon

Une bien belle conférence que ce 13e forum de Doha qui s’est terminé la semaine dernière. Discours solennel de l’émir, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, qui, tout monarque absolument absolu qu’il est, a vanté l’avènement des peuples arabes à travers leurs printemps. Allocutions ensuite de Gordon Brown, l’ex-Premier ministre britannique – qui a abreuvé l’assistance de citations de Kennedy -, de François Fillon qui s’alarma de la «phase chaotique» que traversent certains pays arabes, en particulier la Tunisie, contredisant l’orateur précédent, le Premier ministre tunisien, Ali Larayedh, qui osa prétendre que tout allait plutôt bien.

il y eut des conférences en veux-tu en voilà sur tous les sujets mais pas de public, seulement les délégations invitées. D’où la question que se posaient certains intervenants : mais à quoi peut bien servir tout ce joli tralala, d’autant que la générosité proverbiale de l’émirat dans ses invitations ne fut jamais prise en défaut ? «Le Qatar ne fait jamais rien pour rien. Il faut donc se demander quel but visait ce forum», explique un diplomate qui n’avait pas la réponse. Une hypothèse : ses dirigeants voulaient montrer un autre visage de l’émirat à l’heure où ceux-ci s’inquiètent de la détérioration de son image dans les pays occidentaux. A Doha, on parle même de «Qatar bashing».

Etait-ce parce que celui-ci est fort prisé dans l’Hexagone que la délégation française était la plus nombreuse – quelque 70 personnes ? Outre les députés invités (quatre de gauche, quatre de droite, de la commission des Affaires étrangères), les fines lames de l’analyse géopolitique comme Hubert Védrine ou Pascal Boniface, on remarquait aussi de vieilles gloires dont on ne savait trop à quel titre elles étaient là. Michèle Alliot-Marie tenait la vedette – le Qatar n’est pas rancunier avec celle qui fut proche de Ben Ali. C’est elle qui signa le livre d’or du musée des arts islamiques, déjeuna avec l’émir… Les sarkozystes étaient aussi en force. On vit Patrick Balkany claquer la bise à Enrico Macias, lui aussi du voyage. Un député socialiste maugréa : «Quand on voit comment MAM est accueillie alors qu’elle n’a plus aucun mandat, on se demande ce qu’il y a pu y avoir entre les Qataris et l’UMP.»

PAR JEAN-PIERRE PERIN

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite