Le bal des prétendants de l’après-Sarkozy (Libération)

Le remaniement ministeriel, annoncé pour novembre, relance les rivalités entre clans au sein de la majorité.

Le bal des prétendants de l’après-Sarkozy (Libération)
Adroite, tout devient possible ! Jamais depuis le début de ce quinquennat la perspective d’un remaniement n’avait provoqué une telle fièvre chez les responsables de la majorité. Annoncé après la déroute de l’UMP aux élections régionales, le grand changement censé marquer un «nouvel élan» alimente depuis quatre mois la machine à rumeurs. Au-delà de l’échéance attendue – novembre aux dernières nouvelles -, certains ténors de la droite semblent déjà se projeter dans l’après-Sarkozy. Entre Jean-François Copé, François Fillon, Xavier Bertrand et leurs entourages, se dessine les contours d’une possible guerre de succession. Où chacun cherche à conquérir des positions pour ne pas les laisser à l’autre. Tout ce petit monde se retrouve demain et vendredi à Biarritz pour les journées parlementaires de l’UMP. Plus que jamais, ce rendez-vous annuel sera le théâtre de rumeurs, de complots, de ruptures ou d’alliances de circonstances.

Après avoir plongé son camp dans l’incertitude – «un supplice chinois», selon la formule de Dominique de Villepin – Nicolas Sarkozy observe en connaisseur, et sans doute avec délectation, le déchaînement des ambitions et des rivalités. En son temps, François Mitterrand raffolait de ces plaisirs de monarque.

Clans. Mais pour l’heure, «rien n’est décidé», fait répéter le Président à son éminence grise, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Autrement dit : tout le monde a sa chance, que les meilleurs gagnent ! Matignon et les grands ministères sont à prendre, tout comme l’UMP et peut-être même, à l’Elysée, les postes de conseillers du chef de l’Etat. C’est donc le moment d’afficher ses ambitions pour demain. Et même pour après-demain…

Les jeunes loups trentenaires et quadragénaires veulent être du festin. Mais les générations dites «n -2» (Laurent Wauquiez, Nathalie Kosciusko-Morizet, Benoist Apparu, Chantal Jouanno) et «n -1» (Jean-François Copé, François Baroin, Bruno Le Maire, Christian Jacob) n’ont pas les mêmes intérêts. A une semaine d’intervalles, ces clans ont cosigné des tribunes concurrentes pour proclamer qu’ils sont déterminés à faire gagner Nicolas Sarkozy en 2012.

Plus prudents, d’autres ambitieux cachent leur jeu. «La décision appartient au président de la République», répondent en chœur les briscards qui lorgnent sur Matignon, comme Jean-Louis Borloo ou Michèle Alliot-Marie.

Casting. Dans ce ballet des prétendants où chaque faux pas peut-être mortel, seul Jean-François Copé joue carte sur table. Le chef de file des députés UMP s’en explique à Libération (lire page 4). S’il proclame son ambition, c’est au nom de la transparence. Et il confie se méfier des responsables politiques qui ne disent pas «qui ils sont, et à quoi ils aspirent».

Ce qu’il veut, lui, c’est l’UMP. En attentant l’Elysée, en 2017 au plus tard. Il l’a dit au chef de l’Etat, qui le recevait en tête à tête à l’Elysée le 31 août. Il l’a confirmé dans la tribune au Figaro. Très appréciés par la droite sarko-sceptique, Copé et les siens proposent leur casting rêvé pour la fin du quinquennat. Lui et Christian Jacob dirigeraient respectivement l’UMP et le groupe parlementaire, tandis que Le Maire et Baroin hériteraient de Matignon et de Bercy. Dans l’entourage du chef de l’Etat, certains ont vu dans cet appel à une «redynamisation» de l’UMP les prémisses d’une tentative de putsch.

Difficile cependant d’imaginer Nicolas Sarkozy confiant toutes les commandes de sa majorité à des hommes qui l’ont parfois combattu dans sa conquête du pouvoir, entre 2002 et 2006. Mais que certains dans les hautes sphères de l’état-major présidentiel aient pu aller jusqu’à parler de «tentative de putsch» est assez révélateur du climat délétère qui s’installe, en cette rentrée, au sein des troupes sarkozystes.

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