L’Argentine élit son président en pleine crise économique

L’élection présidentielle en Argentine dimanche met aux prises deux modèles antagoniques pour affronter la pire crise économique du pays depuis 17 ans, dans une Amérique du sud en pleine agitation politique et sociale.

L’opposant de centre-gauche Alberto Fernandez, qui fait un ticket avec l’ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), est donné favori face au chef de l’Etat sortant, le libéral Mauricio Macri.

Le duo péroniste l’avait devancé de 17 points lors des primaires d’août (sorte de répétition générale pour la présidentielle), et l’écart s’est depuis encore accru selon les sondages. Au point d’éviter la tenue d’un second tour ?

Pour s’imposer dès le premier tour, il faut plus de 45 % des voix ou bien plus de 40 % avec une différence de dix points sur le candidat arrivé en deuxième position. En cas de ballottage, un second tour aura lieu le 24 novembre.

"L’espoir renaît" et "Cristina et Alberto représentent cela", a estimé José Murad, un éducateur de 44 ans, lors du dernier meeting de M. Fernandez jeudi soir à Mar del Plata.

Pour d’autres en revanche, un éventuel retour au pouvoir du péronisme serait "un désastre". "Les Fernandez, jamais de la vie; ils ont déjà fait leurs preuves", a déclaré Alejandro Arguello, 53 ans, lors de l’acte de clôture du candidat Macri à Cordoba.

L’enjeu monétaire

Le pays traverse une crise économique aiguë: il est en récession depuis plus d’un an, avec une forte inflation et une dette massive. Et la pauvreté a explosé.

Alberto Fernandez a tenu à "tranquilliser" les Argentins en évacuant le spectre de la grave crise de 2001, lorsque les retraits bancaires ont été drastiquement limités et les dépôts en dollars transformés en pesos. "Nous allons veiller sur votre épargne, nous allons prendre soin de vos dépôts en dollars à la banque. Vous n’avez aucune raison d’être nerveux", a-t-il dit.

Avec des décennies d’inflation et de dévaluations cycliques, les Argentins sont habitués à trouver refuge dans le dollar. La monnaie argentine s’est dépréciée de 70 % depuis janvier 2018.

Cette semaine, un marché crispé a provoqué une nouvelle dépréciation du peso, de 5,86 %, le dollar passant de 60,73 pesos le vendredi de la semaine dernière à 64,51 à la clôture de l’horaire bancaire.

"Je suis venu changer des (pesos en) dollars parce que comme les élections arrivent, nous savons que tout va augmenter", a dit à l’AFP Cristian Golan, un chauffeur de 23 ans, à l’entrée d’un bureau de change.

"C’est très difficile (d’acheter des dollars). Il y a quelques endroits où il n’y en a plus et c’est plein (de gens), il y a des endroits où le dollar bleu (le marché noir) est à 71 pesos", a déclaré Barbara, une étudiante de 29 ans.

Macri l’austérité

A la mi-2018, en plein désordre monétaire, Mauricio Macri avait mis en place un programme de rigueur fiscale après le versement de l’aide financière du FMI de 57 milliards de dollars. Il manque encore le versement de 13 milliards, mais M. Macri attend le résultat électoral pour négocier.

Sous le slogan "Oui, on peut le faire", il demande un vote de confiance en garantissant que l’amélioration économique est imminente, après la "consolidation des fondamentaux" liée à sa politique d’austérité.

Alberto Fernandez de son côté propose une trêve de 180 jours aux syndicats et mouvements sociaux pour que la croissance économique reprenne.

Trente-quatre millions d’électeurs sont appelés aux urnes. Les premiers résultats seront connus dimanche à partir de 21h00 locales (23h00 GMT), et les résultats définitifs autour de minuit (lundi 03h00 GMT), a avancé le ministre de l’Intérieur, Rogelio Frigerio.

Avec la polarisation autour des bulletins Fernandez et Macri, les quatre autres candidats se répartissent environ 15 % des intentions de vote, avec à leur tête l’ex-ministre de l’Economie Roberto Lavagna.

L’élection en Argentine intervient dans un moment de grande tension en Amérique du sud, avec le Chili et la Bolivie en pleine ébullition, quelques semaines après les émeutes observées en Equateur.

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