L’imam de la plus grande mosquée de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, Mohamed Tataï, a été renvoyé devant un tribunal correctionnel pour « incitation à la haine raciale », après un prêche en arabe il y a trois ans soupçonné d’être antisémite.
L’imam est poursuivi « pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence (…) en raison de l’origine ou de l’appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée », a indiqué, mardi à l’AFP, Me Simon Cohen, l’un des avocats des parties civiles (les associations Licra et Crif), confirmant une information de la Dépêche du Midi.
La date de l’audience n’a pas encore été fixée.
Le parquet de Toulouse avait ouvert une enquête préliminaire en 2018 après avoir reçu un signalement émanant du préfet local qui visait une vidéo datant de décembre 2017 dans laquelle on voit l’imam de la grande mosquée de Toulouse prêcher devant les fidèles en langue arabe.
Selon le texte sous-titré en anglais, Mohamed Tataï déclare notamment: « (Le prophète Mahomet) nous a parlé de la bataille finale et décisive : le jugement dernier ne viendra pas jusqu’à ce que les musulmans combattent les juifs ».
Suite à l’émoi provoqué par la diffusion de cette vidéo, l’imam – dont le nom est orthographié Tataiat ou Tataï selon les transcriptions – avait invoqué une « traduction pas fidèle » qui « n’est pas le vrai sens du hadith » (texte religieux) qu’il cite dans la vidéo.
Cet homme originaire d’Algérie avait été mis en examen en décembre 2018.
Sollicités par l’AFP, ses avocats n’étaient pas joignables dans l’immédiat.
« Le caractère opportuniste d’un tel renvoi devant le tribunal correctionnel n’échappera à personne dans un contexte éminemment politique », ont déclaré les avocats William Bourdon, Vincent Brenghart et Jean Iglésis, au journal local La Dépêche du Midi.
Pour eux, « Monsieur Tataiat, qui a toujours été en bons termes avec les représentants de la communauté juive, s’est largement expliqué sur le sens de son prêche et sur l’exclusion totale de toute incitation à la haine ». Il plaideront la relaxe, affirment-il.
Depuis son discours contre le séparatisme et l’islam radical début octobre, le président Emmanuel Macron a accentué sa pression sur les instances dirigeantes de l’islam en France pour lutter contre l’influence étrangère, la radicalisation et l’islam politique.
Son objectif est de mettre fin, d’ici quatre ans, à la présence en France des 300 imams étrangers « détachés » par la Turquie, le Maroc et l’Algérie.