Florian Philippot, principal visage de la « dédiabolisation » du parti de Marine Le Pen

Florian Philippot, qui a claqué jeudi la porte du Front national, était le principal visage de la stratégie de « dédiabolisation » visant à adoucir l’image d’un parti longtemps taxé d’antisémitisme, de racisme et d’homophobie.

Regard tombant et éternel sourire en coin, comme il sied à une éminence grise, ce haut fonctionnaire de 35 ans faisait office depuis 2011 de stratège en chef de Marine Le Pen au sein du parti d’extrême droite français, s’attirant de nombreuses inimitiés en interne.

Il participe ainsi à l’éviction du père fondateur, Jean-Marie Le Pen, écarté par sa fille en 2015 après avoir notamment réaffirmé qu’à ses yeux les chambre à gaz nazies constituaient un "détail de l’Histoire" de la seconde guerre mondiale.

Mais il apporte surtout au parti une autre ligne politique. Car Florian Philippot, qui avait soutenu un souverainiste de gauche, Jean-Pierre Chevènement, à la présidentielle de 2002, n’a pas l’ADN de l’extrême droite française traditionnelle.

Inlassable critique de l’Union européenne, partisan d’une sortie de l’euro, il exaspère la frange libérale de son parti, qui attribue à ce positionnement une large part de responsabilité dans la défaite de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de mai.

Moins conservateur que de nombreux frontistes sur les questions de société, il se voit accusé par ses détracteurs d’être le chef de file d’un "lobby gay" au sein du parti.

Au Front national, la greffe semble sans cesse rejetée même s’il a su se constituer un petit groupe de fidèles, mené par l’eurodéputée Sophie Montel, qui ont aussi annoncé jeudi leur départ en bloc du parti.

"Le gourou"

Né dans une famille d’enseignants en 1981, diplômé de deux des plus prestigieuses écoles françaises (HEC et l’ENA), Florian Philippot rencontre Marine Le Pen en 2009 et commence à travailler pour elle, d’abord sous pseudonyme.

Bombardé fin 2011 directeur stratégique de la campagne présidentielle, "Florian", main éternellement soudée à son téléphone, suscite rapidement la jalousie de ceux qui prennent moins la lumière et ragent de voir la patronne du FN accorder une si grande place à celui parfois qualifié de "gourou".

Tous reconnaissent les atouts de ce jeune homme structuré politiquement. Jean-Marie Le Pen, à l’éviction duquel il a fortement contribué, le juge "brillant". Mais nombreux critiquent aussi son caractère "sectaire", fleurissant jeudi matin son départ d’épithètes assassins: "népotique", "dogmatique", "extrémiste", plein de "morgue", "haineux"…

Vice-président chargé de la stratégie et de la communication, Florian Philippot arpente de manière stakhanoviste – y compris le 1er janvier au matin – plateaux télévisés ou studios de radio pour porter la parole frontiste.

Dans un premier temps, la stratégie s’avère payante: de 11,4% aux élections régionales de 2010, le score du FN grimpe à 17,9% à la présidentielle de 2012, 27% aux régionales de 2015.

Jusqu’à l’élection présidentielle de mai 2017 où malgré un score historique pour l’organisation d’extrême droite (33,90%), Marine Le Pen doit s’incliner au second tour face à Emmanuel Macron.

Cette défaite fragilise la patronne du FN, contestée en interne, qui promet une refondation du mouvement, avec un nouveau nom et des orientations ajustées, à l’issue d’un congrès en mars.

Après la création par M. Philippot d’une association politique, "Les Patriotes", elle le somme de choisir entre ses deux fonctions avant de le rétrograder, mercredi, soir au rang de vice-président sans attribution.

"Je n’ai pas le goût du ridicule, je n’ai jamais eu le goût de rien faire, donc bien sûr je quitte le Front national", a réagi Florian Philippot sur la chaîne France 2. "Mon engagement politique reste intact (…), je continuerai à me battre", a-t-il ajouté.

Réponse de Marine Le Pen: "Je ne me réjouis pas de son départ", mais "le Front s’en remettra sans difficulté".

AFP

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