Cour suprême: Washington suspendu au témoignage de l’accusatrice du juge Kavanaugh prévu jeudi

Les parlementaires américains se préparaient dimanche à une semaine cruciale en vue de l’audition jeudi de la femme qui accuse d’agression sexuelle le juge Kavanaugh, candidat de Donald Trump à la Cour suprême.

A quelques semaines des élections de mi-mandat, que les démocrates souhaitent transformer en référendum anti-Trump, l’enjeu de ces auditions est double.

Les témoignages de Christine Blasey Ford et de Brett Kavanaugh, qui ont tous deux accepté de livrer leur version aux sénateurs, pourraient ainsi, in fine, peser sur le scrutin, mais aussi sur la désignation du magistrat à la Cour suprême, qui ferait basculer à droite la plus haute juridiction américaine.

Après des jours de négociations et de bras de fer entre les républicains de la commission judiciaire du Sénat et les avocats de Mme Blasey Ford, un accord a été scellé dimanche sur la date et l’heure de l’audition publique, qui promet d’attirer tous les regards.

"Nous nous sommes engagés à aller de l’avant avec une audition publique le jeudi 27 septembre à 10H00 (14H00 GMT). Malgré les menaces actuelles pour sa sécurité et sa vie, le Dr Ford croit qu’il est important pour les sénateurs de l’entendre directement", indique un message des conseils de Christine Blasey Ford, cité par des médias.

La commission judiciaire du Sénat a confirmé que la prochaine audition sur la confirmation du juge Kavanaugh aurait lieu ce jeudi à 10H00.

Dans son témoignage initialement paru dans le Washington Post, Christine Blasey Ford avait expliqué que Brett Kavanaugh et un ami, "complètement ivres", l’avaient coincée dans une chambre, plaquée sur un lit et avait cherché à la déshabiller, avant qu’elle ne parvienne à s’enfuir.

L’agression se serait déroulée au début des années 80, lors d’une soirée arrosée entre lycéens dans la banlieue de Washington. Elle était âgée de 15 ans, lui en avait 17.

Des accusations vigoureusement démenties par Brett Kavanaugh, qui a accepté d’être entendu lui aussi par le Sénat.

La question du calendrier du vote pour la confirmation de la nomination du juge Kavanaugh fait l’objet de tractations tendues, avec les élections de mi-mandat dans le viseur.

Les républicains pourraient perdre leur majorité au Congrès et risqueraient alors d’avoir des difficultés à faire confirmer le candidat de M. Trump pour la Cour suprême. L’objectif est donc de voter avant le 6 novembre.

Les démocrates, eux, soutiennent le souhait de Mme Blasey Ford d’être entendue par le FBI, ce qui retarderait le processus de confirmation.

"Ce que le Dr Ford a demandé est, je pense, une requête raisonnable: une enquête par le FBI", a estimé Dick Durbin sur ABC, un démocrate membre de la commission judiciaire.

Selon un sondage YouGov pour CBS, plus de la moitié des Américains pensent qu’un vote du Sénat pour confirmer le juge Kavanaugh devrait être précédé par une enquête du FBI. Mais plus de deux tiers des républicains souhaitent voir ce vote intervenir dans les jours qui viennent.

"Tout ce que je sais du juge Kavanaugh va à l’encontre de ces allégations. Je veux écouter le Dr Ford. Je me sens désolé pour elle. Je pense qu’on l’utilise", a dénoncé M. Graham, dans une accusation à peine voilée contre les démocrates.

Dans une lettre adressée dimanche à Donald Trump, le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, et celle des démocrates à la commission judiciaire, Dianne Feinstein, ont demandé au président d’ordonner au FBI l’ouverture d’une enquête sur l’agression présumée de Christine Blasey Ford.

Ils ont souhaité que les conclusions de cette enquête puissent être communiquées aux sénateurs avant les auditions, comme cela avait été le cas en 1991 lorsque le juge Clarence Thomas, candidat de George Bush à la Cour suprême, avait été accusé de harcèlement sexuel par une ancienne collègue.

Donald Trump s’est jusqu’ici opposé à l’intervention du FBI dans ce dossier

D’abord sur la réserve, il est venu à la rescousse de son candidat vendredi, mettant en doute la véracité des accusations de Mme Blasey Ford, s’en prenant à son silence de plus de trente ans.

"Si les attaques avaient été aussi graves que ce que dit le Dr Ford, il y aurait eu une plainte d’elle ou de ses parents", a tweeté le président.

Tollé immense outre-atlantique, où des milliers de personnes, rassemblées derrière la bannière #WhyIDidntReport sur Twitter ("Pourquoi je n’ai pas porté plainte"), se présentant comme victimes d’agression sexuelle, ont expliqué les raisons de leur silence.

Les accusations contre le juge Kavanaugh pèseront-elles sur les résultats des "mid-terms"?

Avec l’éclosion du mouvement #MeToo, le record de femmes se présentant cette année aux élections de mi-mandat, cette affaire a un écho particulier.

Deux tiers des Américains disent suivre au moins d’un peu près ces allégations selon le sondage YouGov.

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