Carole Ghosn, une épouse en première ligne

Il y a quelques mois encore, Carole Ghosn posait gracieusement devant les objectifs au bras de son mari Carlos. Aujourd’hui, entre Tokyo, New York et Paris, elle est en première ligne pour défendre le magnat de l’automobile déchu.

Avec la fuite rocambolesque de son époux, arrivé lundi à Beyrouth après s’être échappé du Japon dans le plus grand secret, certains médias se sont interrogés sur le rôle que la quinquagénaire pourrait avoir joué dans cette exfiltration.

Celle qui a passé une grande partie de sa vie aux Etats-Unis a finalement retrouvé son époux au Liban, son pays d’origine, après plusieurs mois de séparation.

Mme Ghosn n’était pas à bord du jet privé dans lequel son époux a été arrêté le 19 novembre 2018 à Tokyo et le choc n’en a été que plus rude quand elle a appris la nouvelle, à des milliers de kilomètres de là.

Sans contact avec lui pendant près de deux mois de garde à vue (ni téléphone, ni droit de visite), Carole Ghosn, 53 ans, a d’abord limité ses prises de parole publiques avant de prendre ouvertement la défense de son mari.

Plaidant sa cause auprès de l’ONG Human Rights Watch, des Nations unies et même de l’hôte de la Maison Blanche Donald Trump, elle a frappé à toutes les portes.

Multipliant les interventions dans la presse française, elle a lancé un appel à l’aide au président Emmanuel Macron, dénonçant le silence "assourdissant" de l’Élysée dans un entretien avec le Journal du Dimanche en octobre.

"Humiliée"

Si elle n’a pu lui rendre visite en prison, l’élégante femme aux longs cheveux blonds était là quand l’homme d’affaires a été libéré sous caution, une première fois début mars.

"Ils ont essayé de vivre à peu près normalement, de se promener, de prendre de bons repas", raconte une de ses relations au Japon.

Mais le répit fut de courte durée. L’ex-PDG a de nouveau été arrêté le 4 avril. Des procureurs ont alors débarqué chez eux à Tokyo, à l’aube.

"On m’a fouillée plusieurs fois (…) Une femme m’a suivie jusque dans ma douche, jusqu’aux toilettes. Je me suis sentie humiliée", confie-t-elle à la presse française.

"Ce qu’elle a vécu l’a vraiment traumatisée", souligne la personne de son entourage.

"C’est une épreuve immense, parmi les pires moments de sa vie, mais elle fait face avec beaucoup de droiture et de dignité", commente l’avocat français de la famille, François Zimeray.

Fin avril, M. Ghosn avait été libéré sous caution, une deuxième fois. Assigné à résidence à Tokyo, il n’avait pas été autorisé à voir ni à contacter sa femme.

Le couple a pu se parler par vidéoconférence en novembre. Une conversation d’une heure maximum, qui ne pouvait pas aborder des sujets non-autorisés par un juge japonais, et dont les éléments devaient être transmis à ce dernier et aux procureurs.

Dans le collimateur

Née en 1966 à Beyrouth, Carole Nahas a passé une grande partie de sa vie aux Etats-Unis, dont elle détient la nationalité et où ses trois enfants, d’un premier mariage, ont grandi. "Elle semble très proche d’eux comme de sa mère", confie encore la personne qui la côtoie.

Détentrice d’un diplôme en sciences politiques, elle crée à la fin des années 2000 sous son nom d’alors, Carole Marshi, une marque de caftans de luxe. Elle est aussi impliquée dans des projets culturels et philanthropiques, comme l’association SEAL fondée par des membres de la diaspora libanaise aux Etats-Unis.

En 2013, elle commence à s’afficher avec Carlos Ghosn qu’elle épousera en grande pompe en octobre 2016, au Grand Trianon du château de Versailles.

Aujourd’hui, leur mode de vie fastueux, du festival de Cannes au carnaval de Rio, est passé au crible. Les conditions d’organisation de leur mariage ont fait l’objet de soupçons en France.

Son nom apparaît aussi dans le dernier volet de l’affaire, des détournements présumés de fonds de Nissan, dont une partie a été utilisée pour l’achat d’un yacht, selon des sources proches du dossier.

Carole Ghosn a été entendue à ce sujet par la justice japonaise en tant que dirigeante de la compagnie "Beauty Yachts", enregistrée dans les Iles vierges britanniques, qui a acquis le navire. Elle n’est pas mise en cause à ce stade.

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