Banque mondiale: Washington défend sa chasse gardée face à deux candidats des pays émergents

Les Etats-Unis ont présenté vendredi un universitaire quasi inconnu comme candidat à la présidence de la Banque mondiale face à deux représentants des pays émergents décidés à mettre fin à plus de soixante-cinq ans de monopole des Etats-Unis sur ce poste.

Banque mondiale: Washington défend sa chasse gardée face à deux candidats des pays émergents
A quelques heures seulement de la clôture des candidatures, Barack Obama a annoncé son choix: Jim Yong Kim, 52 ans, médecin et anthropologue d’origine sud-coréenne, président de la prestigieuse université Dartmouth.

"Jim a passé plus de deux décennies à oeuvrer dans le monde entier en faveur de l’amélioration des conditions de vies dans les pays en développement", c’est "un candidat idéal" a déclaré le président américain.

Sa nomination est une surprise: son nom n’avait jamais été mentionné parmi ceux des candidats probables à la succession de Robert Zoellick, qui doit abandonner ses fonctions le 30 juin.

"C’était parfaitement inattendu", a indiqué à l’AFP une source proche de la Banque mondiale. Les premiers surpris ont été les partenaires des Etats-Unis au sein de cette organisation d’aide au développement, qui n’ont pas été consultés, ainsi que l’a confirmé un haut responsable du Trésor.

Quelques heures avant l’annonce américaine, l’Afrique du Sud avait officialisé la candidature de Ngozi Okonjo-Iweala, ministre des Finances du Nigeria, ancienne directrice générale de la Banque et concurrente "extrêmement sérieuse", selon la source proche de la Banque.

La Banque mondiale a confirmé que les candidatures de M. Kim et Mme Okonjo-Iweala (57 ans) avaient été validées, de même que celle de l’ancien ministre des Finances colombien, José Antonio Ocampo (59 ans), qui s’était déclaré mercredi.

Le collectif d’organisations non-gouvernementales Oxfam International s’est réjoui "de voir un vrai débat sur la façon d’obtenir une direction crédible et légitime à la Banque", et a noté que l’Afrique avait "mis en avant une candidate éminemment qualifiée".

En vertu d’un accord tacite entre l’Europe et Washington, la présidence de la Banque a toujours échu à un citoyen des Etats-Unis tandis que celle du Fonds monétaire international (FMI) revenait à un Européen.

A défaut d’être connu, M. Kim a été directeur chargé du dossier du sida à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Son profil est radicalement différent de celui des hommes qui se sont succédé jusque-là à la tête de la Banque, presque tous issus du monde politique ou de la haute finance.

"Si Kim devient président […] il sera le premier qualifié pour l’être" depuis la création de la Banque, estime Mark Weisbrot, du Centre pour la recherche en économie et en politique (CEPR).

Washington mise sur son engagement auprès des plus faibles et ses origines (il a émigré en Amérique à l’âge de cinq ans) pour créer un consensus autour de son nom au conseil d’administration de la Banque ou siègent les représentants de vingt-cinq pays ou groupes de pays.

Le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé a indiqué qu’il n’y avait "aucune raison à ce stade" de remettre en cause l’accord de partage du pouvoir entre Américains et Européens à la Banque et au FMI. Cet accord assurerait la victoire de M. Kim, déjà soutenu par le Canada.

De source proche de la Banque, on note cependant que "cela ne va pas être simple pour les Européens parce qu’il leur est difficile de ne pas soutenir cette candidature et qu’elle est faible en comparaison de celle de" Mme Okonjo-Iweala. Personne "ne sait rien de" M. Kim, ajoute-t-on.

Moscou a indiqué qu’à ses yeux, la nationalité du président de la Banque, qui doit être désigné avant le 20 avril, était moins importante qu’un accroissement du rôle des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dans ses instances dirigeantes.

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